Le syndicat des eaux de la région de Dole compte 20 communes (Archelange, Authume, Baverans, Biarne, Billey, Brevans, Champvans, Choisey, Crissey, Foucherans, Goux, Gredisans, Jouhe, Menotey, Monnières, Nevy-les-Dole, Parcey, Rainans, Sampans, Villette-les-Dole). Le rôle du syndicat est d’assurer la distribution d’une eau de qualité dans ces différentes communes. À l’échelle du syndicat, le nombre d’abonnés était de 6784 en 2021, pour une population desservie estimée à un peu moins de 14 000 habitants. Le service est exploité par un délégataire qui est la Société de Gérance et de Distribution d’Eau (SOGEDO).
En 2021, à la station de Saint-Ylie à Dole, un peu plus de 300 000 m3 d’eau ont été prélevés en nappe souterraine, alors qu’à la station de Brevans, c’est un peu moins de 600 000 m3. L’année dernière, les abonnés domestiques ont consommé 654 234 m3, soit une baisse de 7,26% par rapport à 2020. En moyenne, chaque habitant consomme 129 litres par jour. À 2€ le m3 en moyenne, pour un abonné domestique consommant 120 m3, la facture s’élèvera à 240,03€ (sur la base du tarif du 1er janvier 2022, TTC).
Les pertes sur le réseau sont d’environ 24% par rapport au volume mis en distribution, ce qui s’explique très bien notamment à cause des purges du réseau, des poteaux incendie et des lavages de réservoirs ; soit des pertes utiles et inévitables. Le réseau d’environ 200 kilomètres (hors branchements) semble donc de qualité, à l’image de l’eau, très surveillée.
Quatre questions à Patrick Viverge, président du syndicat des eaux de la région de Dole
Patrick Viverge, il y a plus d’un an nous vous interrogions sur ce même sujet et vous déclariez alors que « les nappes phréatiques alimentant nos stations de captage sont largement suffisantes pour subvenir à nos besoins » dans la région de Dole. Après cette sécheresse estivale et les restrictions d’eau, maintenez-vous ces propos ?
Je le formulerais différemment. Ce qu’on a pu constater cet été, est qu’il n’y a pas eu de problème d’approvisionnement pour les communes du syndicat des eaux de la région de Dole comme certains syndicats ou fournisseurs d’eau ont pu en avoir. Aujourd’hui le niveau de la nappe qui approvisionne nos communes est satisfaisant mais malgré ce printemps pluvieux un déficit hydrique existe sur le département. Qu’en sera-t-il si les prochaines étés sont aussi anormalement secs ? Les prévisionnistes sont pessimistes. Le dérèglement climatique qui ne fait que s’aggraver nous incite à la prudence. L’été dernier, la consommation d’eau a bien diminué, montrant que les adhérents du syndicat ont respecté l’arrêté préfectoral.
Quelles difficultés rencontre actuellement le syndicat ? Que faudrait-il améliorer ?
J’ai deux soucis aujourd’hui. Le premier concerne le renouvellement des canalisations qui n’était jusque-là pas suffisant. Il était de 2,3 kilomètres en 2021. Les canalisations que l’on pose maintenant ont une durée de vie de 80/100 ans. Je rappelle que ces canalisations sont en fonte française actuellement la meilleure au monde. Jusqu’à présent le syndicat prévoyait environ 400 000 € en investissement pour le renouvellement des canalisations et l’amélioration du réseau. En 2022 nous avons investi 700 000 € et cette année 2023 plus d’un million d’euros les choses évoluent donc dans le bon sens.
Le deuxième concerne la préservation et la qualité de l’eau du puits de captage jusqu’au robinet de l’usager. De nombreuses analyses sont faites régulièrement à différents endroits du réseau jusque chez les usagers pour s’assurer de la qualité de l’eau. Vous trouvez le résultat d’une partie des analyses sur votre facture. Nous travaillons avec La SOGEDO, ce sont des femmes et des hommes qui veillent à la qualité de l’eau sur l’ensemble du réseau et qui sont en alerte 24H/24 pour nous assurer une continuité de service en cas de rupture de canalisation ou d’incident sur le réseau. Une canalisation qui casse dans la campagne, la nuit, entraine immédiatement l’intervention d’un technicien qui prévient une entreprise qui va agir la nuit pour que vous puissiez prendre votre douche le matin. Je tiens à les remercier publiquement pour leur efficacité.
« Nous sommes des vendeurs d’eau, mais cela n’empêche pas d’être exemplaire et vertueux », Patrick Viverge.
Vous nous expliquiez aussi que seule la pédagogie permettra de préserver cette ressource vitale. D’après vous, les choses ont-elles évolué ?
Cela a évolué mais lentement. Malgré tout Il y a eu le choc de cet été avec une sécheresse inhabituelle.
Le GIEC vient de publier son 6 éme rapport qui nous dit que « entre 40 et 70 % des émissions mondiales pourraient être évitées d’ici à 2050 en agissant sur nos consommations et utilisations finales….. Il faut d’autre part que les individus aient une volonté et une capacité à agir. »
À l’avenir, il faudra insister sur la récupération des eaux de pluie. Il faudra penser à végétaliser davantage les rues. Planter des arbres, mettre des revêtements routiers perméables pour éviter le ruissellement et les inondations en cas de forts orages. Aujourd’hui nous travaillons pour les générations futures.
Nous sommes des vendeurs d’eau, mais cela n’empêche pas d’être exemplaire et vertueux. Avec mes collaborateurs du syndicat des eaux qui sont des représentants des communes que je remercie pour leur engagement, nous allons créer un groupe de travail pour communiquer avec les élus, former les différents acteurs, inciter les communes à s’inscrire dans ce changement et préparer les usagers à regarder cette ressources comme un bien précieux.
Avec la raréfaction de la ressource en eau potable sur la planète, n’avez-vous pas peur que dans les années à venir, le prix du m3 explose (comme les prix de l’énergie aujourd’hui) et soit difficilement accessible pour les plus modestes ?
C’est une inquiétude… pour l’instant, nous maîtrisons cela très bien.
Il y a toute une pédagogie à mettre en place pour anticiper l’avenir. Il faut effectivement éviter des augmentations car ce sont les plus modestes qui risquent d’en pâtir. Peut-être faut il réfléchir à mettre en place une tarification particulière.
Si les prix ne sont pas élevés, cela n’exclut pas de veiller à préserver la ressource. Il faut faire de la pédagogie pour que l’eau soit consommée de manière correcte. Un litre d’eau en bouteille plastique coûte environ 150 x plus cher qu’un litre d’eau de notre réseau sans parler des conséquences sur l’environnement.
Notons également qu’en 2021, 14 personnes ont envoyées une demande pour une aide au paiement de leur facture d’eau car en situation de précarité. 100% de ces demandes ont été acceptées, soit un montant de 877€ d’abandon de créance.