Le lac de Coiselet, joyau du Jura né en 1970 avec la construction de son barrage, connaît actuellement une période critique. Situé à la confluence de la rivière d’Ain et de la Bienne, ce plan d’eau de 3,8 km² a vu son niveau chuter de manière préoccupante. Une baisse de quatre mètres a été décidée, conséquence directe d’un risque majeur : la menace d’une chute de bloc rocheux susceptible de provoquer un débordement du barrage hydroélectrique.
Un impact environnemental alarmant
La diminution drastique du niveau de l’eau a des répercussions immédiates et inquiétantes sur l’écosystème du lac. Les habitats naturels sont bouleversés, mettant en péril les poissons, les plantes aquatiques et les nombreuses espèces d’oiseaux qui dépendent de ce milieu. Pour les pêcheurs, la situation est dramatique. Des pêches de sauvetage ont été organisées en urgence pour extraire des milliers de jeunes poissons piégés dans la végétation et les bassins d’eau isolés qui se sont formés. Asphyxiés, ils ont été transportés vers la partie inférieure du barrage dans l’espoir de les sauver. Au-delà de la survie piscicole, la réduction du volume d’eau modifie la concentration de sédiments au fond du lac, réduisant ainsi la qualité de l’eau sur le long terme.
La sécurité, une priorité face à l’imprudence
La sécurité est au cœur des préoccupations. Des zones interdites et des périmètres d’éloignement ont été établis autour des portions à risque du site pour prévenir tout accès aux zones potentiellement instables. Nous avons rencontré un conseiller municipal de Chancia en pleine action, refermant les accès à une plage. Malgré les barrières, panneaux et rubans de signalisation, certains ne respectent malheureusement pas les interdictions, s’aventurant dans des zones où le risque d’enlisement dans la vase ou d’autres dangers insoupçonnés est bien réel. Un rappel à la prudence s’impose pour éviter tout accident.
L’économie touristique en souffrance
L’impact économique est également considérable. Benoît Lemaire, directeur du camping “Bel Air Village” à Condes, en témoigne. Ses emplacements, autrefois en bord de lac, donnent aujourd’hui sur la vase. Les annulations s’enchaînent depuis plusieurs jours, et la clientèle de longue durée est la plus touchée. Pour le seul week-end de la Pentecôte, il a enregistré une perte de 40 % de son chiffre d’affaires, recevant entre 150 et 200 appels pour des informations ou des annulations. Un autre camping à proximité n’a pas souhaité s’exprimer sur la situation.
Un espoir de retour à la normale
La baisse des eaux a modifié le paysage même du lac : une ancienne carrière a refait surface et les contours habituels ont été redessinés. L’arrêté préfectoral actuel court jusqu’au 30 juin, et tous les regards sont tournés vers cette date. L’espoir d’une remise en eau rapide du lac est grand, permettant ainsi un retour à la normale pour l’environnement, la sécurité des habitants et l’économie touristique locale.
La situation au lac de Coiselet est un rappel frappant de la fragilité de nos écosystèmes face aux imprévus. La communauté locale, entre vigilance et résilience, attend avec impatience que le lac retrouve son niveau et sa vitalité d’antan.
