L’invitée de la rédaction. Delphine Voisin : un parcours unique face au cancer du sein

À l’occasion d’Octobre Rose, nous avons rencontré Delphine Voisin, patiente d’un cancer du sein et fondatrice de l’association Authentik Women. Elle raconte son parcours de soins ainsi que les épreuves traversées.

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Delphine Voisin est présidente de l'association Authentik Women.
Delphine Voisin est présidente de l'association Authentik Women.

Pouvez-vous expliquer ce qu’est un parcours de soins lors d’un cancer du sein ?

Il faut d’abord rappeler qu’il n’existe pas un seul cancer du sein, mais plusieurs. Chaque cas est unique et nécessite un protocole adapté. Selon ce que les médecins détectent, les parcours varient : certaines femmes ont une chimiothérapie avant l’opération — c’est ce qu’on appelle la chimio néoadjuvante — pour réduire la tumeur, d’autres sont opérées directement, et toutes n’ont pas besoin de chimiothérapie. Dans tous les cas, le protocole de soins est défini en réunion pluridisciplinaire par l’équipe médicale. Dans ce sens, chaque parcours est unique.

Quel a été le vôtre ?

La biopsie a révélé que mon cancer avait déjà atteint les ganglions lymphatiques. C’était un cancer hormonodépendant, et la tumeur était assez grosse. J’ai donc eu huit séances de chimiothérapie néoadjuvante, espacées de trois semaines chacune.

Combien de temps a duré votre parcours de soins ?

Mon protocole a commencé en juin 2018 et s’est terminé en mai 2019, soit presque un an. Mais attention : chaque cancer est différent et chaque protocole est unique. Il est donc impossible que les femmes atteintes d’un cancer se comparent entre elles !

Quels traitements ont suivi ?

Dans mon cas, une hormonothérapie a été prescrite, car mon cancer était hormonodépendant. C’est un médicament qui bloque la production d’œstrogènes. Cela plonge dans une « ménopause chimique », avec les effets secondaires que cela comporte : fatigue, douleurs articulaires, sautes d’humeur, bouffées de chaleur… Mais ce n’est pas une vraie ménopause : les femmes restent fertiles. L’objectif est purement préventif : priver les cellules cancéreuses de nourriture.

Qu’est-il possible de faire pour récupérer après un tel parcours ?

Le sport adapté est essentiel. Les hôpitaux proposent des programmes encadrés par des coachs spécialisés, sur un à deux mois, pris en charge par la Sécurité sociale. Cela peut inclure de la marche, de la piscine, de la kinésithérapie, de la socio-esthétique ou encore de la diététique. Ce n’est pas magique, mais cela aide à retrouver confiance et à réhabituer le corps.

Le retour à une vie « normale » a-t-il été simple ?

Non, il est très compliqué. Le corps reste marqué par le traumatisme. Le retour à l’emploi est particulièrement difficile : il faut trouver ce que l’on peut réellement faire. Même quand le cancer est traité, il reste présent : le corps s’en souvient, et certains traitements, comme l’hormonothérapie, rappellent constamment la maladie.

Comment est née votre association ?

En janvier 2020, j’ai créé Authentik Women. Mon idée était de transformer mon épreuve personnelle en un outil collectif. L’association propose des ateliers de soins de support, des événements sportifs et des actions de sensibilisation. Nous accompagnons les femmes dans toutes les dimensions : physique, psychologique et sociale.

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Vous êtes aussi « patiente partenaire », diplômée de l’université des patients de Paris-Sorbonne. En quoi cela consiste-t-il ?

Je suis animiste, je suis active dans plusieurs domaines dans les associations, l’hôpital, le monde des entreprises, mais aussi à la faculté de médecine. L’idée est d’intégrer la parole du patient dans le système de santé. C’est une façon de montrer que nous ne sommes pas que des malades : nous avons aussi une expertise issue de notre vécu.

Pour en savoir plus

Facebook : Authentik Women ; Instagram : authentik_women_