L’invité de la semaine : Willy Bourgeois

Rencontre avec le premier secrétaire fédéral jurassien du Parti Socialiste, à l'issue d'élections législatives mouvementées.

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Willy Bourgeois

Willy Bourgeois, les Jurassiens ont choisi de reconduire leurs trois députées. Comment analysez-vous ce résultat ?
Il faut distinguer les résultats locaux du contexte national. Au niveau national, à la suite des élections européennes et du premier tour des législatives, le Rassemblement national semblait être aux portes du pouvoir. Or, il y a eu un sursaut populaire dans les urnes et un élan réel des françaises et des français pour dire non au camp de Marine Le Pen en se portant majoritairement vers les candidatures du Nouveau Front Populaire d’une part, puis celles des macronistes par défense de nos valeurs républicaines.
Mais je note surtout que le pays est électoralement divisé en deux territoires. Quand on regarde la carte de France, dans l’Ouest du pays et les grandes villes, les électeurs ont voté surtout à gauche alors que dans nos régions de l’Est, il y a une percée forte de l’extrême droite. Dans le Jura, pour empêcher la victoire du RN, en responsabilité, le désistement des candidats de gauche et écologistes était indispensable.

A propos du RN, celui-ci arrive toujours en tête, et augmente même à chaque élection son nombre de voix tant sur le plan local que national. Comment l’expliquez-vous et par quel biais ambitionnez-vous d’inverser cette tendance ?
Non. Le RN était en tête au premier tour mais il a été nettement battu au second tour. Il y a désormais trois blocs politiques en France : l’extrême droite, le centre macroniste et le bloc de gauche et écologiste. Il peut y avoir une bataille de chiffres dans tous les sens mais la réalité est que les partis républicains restent majoritaires dans le pays. Cependant, dans nos territoires ruraux et industriels, il y a une inquiétude réelle des français concernant leur niveau de vie. La question des salaires, la santé, du logement, l’environnement, la sécurité des gens et un accès égal et vraiment simplifié aux services publics doivent être la priorité du prochain gouvernement. Les français veulent des améliorations de leur niveau de vie et non des réformes qui ne profitent qu’aux plus riches.

L’ensemble des courants de gauche (parfois discordants) resteront-ils unis et politiquement cohérents face à la tâche qui les attend ?
Je crois surtout que les français attendent de nos représentants politiques plus de consensus, de dialogue et d’entente pour apaiser le pays et améliorer notre quotidien. Ce n’était pas la façon de gouverner d’Emmanuel Macron jusque-là, qui imposait plus qu’il n’écoutait. Les députés vont devoir apprendre à rechercher le point d’équilibre pour le bien commun et arrêter de bordéliser l’Assemblée nationale. Ce qui fera du bien à tout le monde. La gauche et les écologistes ne pourront pas réussir ce consensus seuls et devront trouver des appuis auprès des autres forces républicaines. Ce sera une autre façon de travailler, souhaitons leur de réussir dans l’intérêt des français et du pays.

Objectivement, on observe aussi que le Parti Socialiste a retrouvé des couleurs. Serait-ce pour vous l’heure de la résurrection tant attendue ?
Le Parti socialiste est l’un des plus vieux partis politiques au sein de nos démocraties modernes. Il a apporté beaucoup pour aider le quotidien et les droits des gens : les congés payés, la sécurité sociale, le droit de grève, la CMU, les 35 heures, l’abolition de la peine de mort, le mariage pour tous… Ce fût à chaque fois des combats politiques difficiles à mener et que plus personne aujourd’hui ne remet en cause. Le macronisme nous a mis en difficulté, mais, fort de notre ancrage territorial, des nombreux élus sur le terrain et surtout d’un travail pour un programme cohérent pour notre avenir, le PS a encore de nombreux combats à mener pour plus de protection, des meilleurs salaires et une société plus fraternelle.

Avez-vous un dernier message à faire passer à nos lecteurs ?
Je crois qu’il y a des périodes propices pour s’engager. Que ce soit en politique, dans le mouvement associatif, dans les œuvres caritatives, la France a besoin de plus de solidarité et de moins d’individualité. Notre société en a grandement besoin. Donc si un engagement politique au sein du Parti socialiste intéresse vos lecteurs, notre fédération jurassienne leur est grande ouverte.

Contact : fede39@parti-socialiste.fr