Les Français et leurs passions à l’heure des fêtes de fin d’année

Entre monotonie et passions...

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Un Noël entre monotonie et passions...

S’ils se déclarent majoritairement animés par une passion dans la vie, plus de la moitié des Français font dans le même temps état d’un sentiment de monotonie plus important que celui ressenti par leurs aînés à l’aube des années 70. À l’évidence, l’explosion de l’offre en matière de divertissement et les multiples possibilités offertes aujourd’hui par l’ère numérique ne suffisent pas à combler chez nombre de nos concitoyens un sentiment combiné de frustration et d’ennui.
Ce paradoxe est l’un des enseignements de l’enquête menée par l’IFOP à la demande de Hostinger sur les Français et leurs passions, avec un focus bienvenu, la période s’y prête, sur les fêtes de fin d’année.
Plutôt masculins et appartenant aux catégories financièrement à l’aise de la population, la plupart des passionnés français ne vivent pas du centre d’intérêt qu’ils ont particulièrement développé. Si les plus jeunes sont les plus nombreux à partager, voire à en tirer profit, leurs passions via les outils numériques à leur disposition, leurs aînés semblent avoir un exercice plus privé et personnel de leurs hobbys favoris. Des hobbys qui, comme le montrent les résultats de cette étude, entraînent assez fréquemment des tensions au sein des couples, soit pour le temps, soit pour l’argent qui y sont consacrés.
À l’approche de Noël, certains d’entre eux redoutent de trouver sous le sapin un cadeau en lien avec leur passion, avérée ou non d’ailleurs, tant il est vrai qu’à l’heure du choix crucial des présents, les passionnés offrent des idées souvent toutes trouvées. Au risque d’une certaine lassitude…

Vie monotone : un sentiment qui progresse chez les Français

Plus de la moitié (53%) des Françaises et des Françaises déclarent aujourd’hui trouver leur vie monotone, voire ennuyeuse, un chiffre en hausse de 6 points par rapport à celui enregistré lors d’une précédente enquête de l’IFOP menée en 1969. Cinquante ans plus tard, et en dépit des multiples bouleversements vécus dans les domaines du divertissement et la variété des pratiques liées au développement d’Internet et du numérique, nos compatriotes ressentent donc une forme de frustration dans leur quotidien.  Une frustration dont les sources peuvent être multiples, entre augmentation des attentes liée à l’explosion des opportunités et omniprésence des réseaux sociaux qui donnent à voir des vies, réelles ou fabriquées, passionnantes auxquelles se comparer.

Très clairement, ce sentiment de monotonie est étroitement corrélé au niveau de vie des répondants et à leur degré d’autonomie professionnelle. Ainsi, 59% des ouvriers trouvent leur vie monotone contre 32% des artisans-commerçants.  De même, les deux tiers (65%) de celles et ceux percevant moins de 900 € par mois le disent quand ils ne sont que 35% chez les personnes dont le revenu dépasse 2 500 €. Par ailleurs, l’ennui est également plus présent lorsque l’on habite une banlieue populaire (68%) plutôt qu’une ville-centre (48%) ou une ville isolée (41%).

Quid de l’absence de passion ?

Afin d’obtenir une photographie la plus complète possible, l’IFOP s’est aussi intéressé au ressenti des Français qui déclarent ne pas avoir de passion dans la vie. 29% indiquent ainsi que cette absence de centre d’intérêt majeur est à l’origine d’un sentiment de manque ou d’ennui. Sentiment singulièrement présent chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures (44%) et chez les personnes résidant dans une ville isolée (60%). Un quart (25%) des non-passionnés reconnaissent envier les gens qui ont une passion, et une proportion identique témoigne être en perpétuelle recherche du but de leur vie.

Profession passion

Vivre de sa passion est souvent perçu comme le Graal qui donne tout son sel à l’existence. Dans la réalité, à peine plus du tiers (35%) des personnes passionnées en tirent leur subsistance. Parmi elles, 7% ont opéré un changement professionnel pour y parvenir, une option qui n’est aujourd’hui envisagée que par 7% des répondants ne vivant pas de leur passion. Une nette majorité (58%) sépare donc travail et passion sans envisager de franchir le pas pour fusionner les deux. Géographiquement, l’agglomération accueille plus de Français vivant de leur passion (41%) que les communes rurales par exemple (30%). Par ailleurs, c’est chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures, ainsi que chez celles et ceux ayant les plus hauts revenus que l’on trouve le plus de personnes tirant leurs revenus de leur passion (respectivement 43% et 41%).

Les jeunes conjuguent passion et numérique

Qu’ils en vivent ou non, près de la moitié (46%) des passionnés s’entourent de personnes ayant le même centre d’intérêt. C’est particulièrement vrai chez les plus jeunes puisque 63% des 18-24 ans sont dans ce cas contre 41% chez leurs aînés âgés de plus de 65 ans. Sans surprise, la nouvelle génération est aussi celle qui utilise le plus les réseaux sociaux pour partager sa passion : la moitié (50%) des 18-24 ans le font via un site Internet, une page Facebook ou encore un compte Instagram contre 27% des passionnés pris dans leur ensemble. Une pratique qui décroit nettement avec l’âge des répondants puisque seuls 22% des 50-64 ans y ont par exemple recours. La liaison avec les outils numériques est encore plus flagrante quand il s’agit de vendre via un site web des produits ou de services en relation avec sa passion : 22% des passionnés les plus jeunes indiquent être passés à l’acte, loin devant toutes les autres tranches d’âge, y compris les 25-24 ans (9%).

Le couple à l’épreuve

Pour autant, le quotidien des passionnés n’est pas sans embûches, notamment en ce qui concerne la vie de couple. Les passions, particulièrement celles considérées comme « dévorantes » sont à l’origine de disputes, voire de rupture. Le temps qui leur est consacré est ainsi la raison de conflits entre conjoints la plus citée : un tiers (33%) en fait état, les hommes, plus susceptibles d’être passionnés comme on l’a vu précédemment, étant plus nombreux que les femmes à le dire (38% contre 28%). Il est à noter que l’aspect chronophage a entrainé une rupture chez 4% des personnes concernées. Dans une moindre mesure, mais non négligeable pour autant, l’argent consacré à sa ou ses passions a entrainé chez un quart (25%) des répondants des tensions au sein de leur couple. Pour 23%, c’est l’espace nécessaire à leur plein exercice qui a été à l’origine de frictions. Là encore, les hommes en font bien plus le constat que les femmes (28% contre 16%).

Lassitude sous le sapin

En cette période de fêtes, choisir le bon cadeau pour Noël n’est pas toujours chose aisée, en témoignent les nombreuses personnes qui se disent angoissées par la crainte de ne pas trouver le présent idéal. Mais lorsque le destinataire s’adonne à une passion, les choses deviennent tout de suite plus faciles. C’est ainsi que plus de 7 français sur 10 (72%) ayant une passion dans la vie disent qu’ils ont déjà reçu des cadeaux en lien avec celle-ci. Mais la passion peut également être supposée par l’entourage, sans pour autant être au cœur de la vie de celui ou celle qui reçoit le cadeau. C’est notamment le cas des 18-25 ans (76%) et des plus diplômés (74% chez celles ceux détenteurs d’un diplôme de 2ᵉ ou 3ᵉ cycle). Les hommes sont aussi plus concernés que les femmes par ce type d’attention (67% contre 54%), probablement parce qu’ils sont aussi plus nombreux à faire état d’un centre d’intérêt particulier.

Si, année après année, les cadeaux qu’ils reçoivent ont systématiquement ou fréquemment trait à leur passion, les Français concernés sont susceptibles de ressentir une certaine lassitude. Près d’une personne interrogée sur deux (46%) indique ainsi en avoir déjà eu assez de vivre cette situation, quand bien même la moitié (25%) précise que cela leur arrive rarement.

Et les cadeaux les plus redoutés des Français sont…

Il est probable qu’à l’heure où vous lirez ces lignes, nombre d’entre vous auront déjà effectué leurs emplettes de Noël. Celles et ceux qui se donnent encore un peu de temps pourront s’inspirer de la liste des cadeaux que les Français ne souhaitent vraiment pas découvrir sous le sapin. En haut du classement, les femmes désignent sans ambigüité tout ce qui touche au domaine électroménager. 33% d’entre elles sont affirmatives sur le sujet, notamment en ce qui concerne les appareils du type aspirateurs et objets ménagers qu’elles sont 22% à redouter. Chez les hommes, ce sont les cadeaux liés à la mode en général qui agissent comme des repoussoirs pour plus d’un sur cinq (22%), avec en tête dans le détail des chiffres les vêtements quels qu’ils soient (16% n’en veulent absolument pas).

Après l’électroménager et la mode viennent les cadeaux à caractère culturel qui rebutent plus d’une personne interrogée sur 10 (11%). Les 18-24 sont ainsi les plus nombreux (12%) à craindre qu’on leur offre des livres le soir de Noël.

Enfin, près d’un répondant sur trois (32%) mettra en pratique le fameux adage « C’est l’intention qui compte » et recevra sans sourciller ce qu’il lui est offert.

Enquête réalisée par l’IFOP pour Hostinger les 28 et 29 novembre 2023 par questionnaire auto-administré auprès de 1 002 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatives de la population française.