« J’ai démarré ma carrière professionnelle comme responsable de magasin. Je vendais des biocides », se souvient Laurent Rochet. L’appellation « produits biocides » regroupe un ensemble de produits destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre, par une action chimique ou biologique.
Puis le spécialiste est passé technicien en désinsectisation. Il a établi des protocoles pour orienter les clients vers des traitements alternatifs, thermiques.
En 2019, il a intégré le bailleur social La Maison Pour Tous. Il occupe le poste de responsable du service 3D (désinsectisation, dératisation, désinfection. Il supprime les rats, cafards, guêpes et frelons présents dans les logements) et est conducteur canin spécialiste dans la recherche de punaises de lit. Au démarrage, il travaillait avec des sociétés extérieures, mais elles sont très demandées. Or, « c’est un métier où on ne peut pas se permettre d’attendre ». En 2022, Anthony Benoît-Guyod est venu renforcer le service 3D en qualité d’applicateur hygiéniste.

Une femelle springer au boulot et à la maison
A partir de septembre 2022, Toupie l’a rejoint. La femelle springer « a une bonne tête, elle ne fait pas peur aux gens. Si je dis aux locataires que les punaises ont disparu, avec la présence du chien, ils sont convaincus ».
Toupie a été formée pendant cinq mois lorsqu’elle avait un an. « On apprend au chien à sentir, s’asseoir et on récompense. C’est un travail de précision. Plus on avance dans la formation, plus on ajoute de difficultés : la punaise à trouver au milieu d’odeurs, de personnes… ».
Il continue d’entraîner Toupie. « Je m’entraîne avec des récipients spécifiques pour stocker les punaises un peu partout, dans un appartement, un local poubelles, une voiture, un local technique… ». L’intérêt du chien est qu’il « cible ». Inutile de traiter tout le logement.
Si on voit les punaises adultes, de la taille d’un pépin de raisin, il est difficile de distinguer les jeunes. Au stade de primo-infestation, elles se trouvent 50 cm autour du lieu où l’on dort. Puis 1 m, 2 m… « Les facteurs de prolifération, ce sont le temps et également le fait que les gens traitent eux-mêmes, explique Laurent Rochet. Ils les dispersent car les produits ne marchent pas et ils développent de la résistance ».
30 % de la population est asymptomatique et ne présente aucune piqûre. A l’inverse, des piqûres peuvent être visibles sans pour autant que les punaises de lit en soient la cause.
« Ce n’est pas un problème d’hygiène »
C’est donc un travail très subtil, bien plus que celui des chiens pour les stupéfiants par exemple. « Nous avons une boîte à outils. Je peux traiter par la vapeur ou le froid, la chimie aussi car parfois on n’a pas le choix ou en complément. » Le spécialiste a également la chance de disposer d’une tente de chauffage de 5 m2, « une technologie de pointe ».
« Les punaises de lit existent depuis la Préhistoire. Elles existeront toujours. Pour certaines personnes, c’est un tabou, mais il est important de marteler que ce n’est pas un problème d’hygiène. » La punaise de lit veut du sang. On la ramène de vacances, en prenant des transports en commun, en dormant à l’hôtel, en faisant des achats d’occasion…
Quelle vie mène la punaise de lit ?
Brune, de forme ovale et aplatie, une punaise de lit mesure jusqu’à 7 mm. Après s’être nourrie de sang, elle grossit légèrement et prend une teinte rouge sang foncé. La punaise de lit ne vole pas. Elle n’est vectrice d’aucune maladie.
La punaise de lit a sept cycles de vie (les œufs, cinq cycles pour les jeunes, les adultes). Son espérance de vie est de 6 mois à 2 ans. Une femelle adulte pond de 5 à 15 œufs par jour.
