Les traditionnelles cérémonies de vœux sont une occasion, théoriquement plutôt réjouissante, de rassembler élus, officiels, ou simples citoyens, provenant de différentes obédiences. C’est aussi l’opportunité d’y faire de nouvelles rencontres, de tisser des liens sociaux et de célébrer les réussites collectives, lorsqu’il y en a.
Mais l’exercice oratoire s’avère surtout une formidable aubaine, pour l’édile sachant s’entourer de fins stratèges en communication, d’exposer à son potentiel électorat un bilan favorable, présenté sous son meilleur jour, et de se construire une prometteuse rampe de lancement, sinon d’acter son début de campagne, en perspective des prochaines échéances électorales (notamment municipales)…
Pour autant, de nombreuses collectivités territoriales ont annoncé qu’elles n’organiseraient pas de cérémonie de vœux en ce début d’année 2025. Il en est de même concernant quelques parlementaires qui préfèrent « utiliser l’argent public pour d’autres causes ». C’est tout à leur honneur.
Parfois aussi, cette symbolique insoumission aux « conventions républicaines » est destinée à fustiger les mesures d’économies imposées par l’État et les budgets de plus en plus contraints. Cette restriction financière, collier d’étranglement tiré par l’effet ciseaux, entraîne pour fâcheuse conséquence de rogner jusqu’à l’os les marges de manœuvre décisionnelles. Et donc, de faire perdre son sens à l’action de politique publique.
Mardi après-midi, notre premier ministre a manifesté avoir pris conscience de ce désenchantement généralisé. Déplorant que nous soyons passés « de la force de la loi à la loi de la force“ qui engendre ”le grand désordre mondial ».
Avec le bon sens béarnais qui est le sien, il a assumé notre “situation de blocage financier et politique”, dénonçant même « l’incapacité à vivre le pluralisme ».
Revenant sur la crise des gilets jaunes et invitant à reprendre l’étude des cahiers de doléances, François Bayrou a osé affirmer : « L’argent ne doit pas diriger les consciences ».
Il y a pourtant fort à parier que le conclave des partenaires sociaux qu’il souhaite mettre en place ne partage pas cette perception… notamment sur la réforme des retraites !
Retenons tout de même cette main tendue, cette volonté de retour à la cohésion.
Cette optique de passage de l’inquiétude à la confiance, du découragement à l’espoir.
Puisque « quand tout va mal, on est contraint au courage » dit-il, espérons que cette fois-ci l’ensemble de nos responsables politiques puissent donc courageusement et réellement œuvrer ensemble à de meilleurs lendemains. Car en définitive, améliorer notre quotidien, c’est tout ce qu’on leur demande…
Au travail !