Une jeunesse violente, mais studieuse
Né le 1er février 1849 au n°88 de la Grande Rue de Poligny, Hermann Ligier est le fils du républicain Bélisaire Félix Ligier (1819-1875), maire de Poligny de 1870 à 1875, et de Marie Joséphine Ermance Laroüe (1823-1853).
Grandissant sans sa mère, qui décéda alors qu’il était âgé de seulement quatre ans, Hermann Ligier suivit des études au collège de Poligny, avant de se rendre ensuite à la Faculté de Paris. Au cours de l’année scolaire 1869-1870, il devint maître auxiliaire au lycée Henri IV de Paris. L’année suivante, en 1871, il obtint une licence ès lettres avant de débuter une thèse portant sur la politique de Rabelais.
Parallèlement, puisque patriote et républicain, il se porta volontaire pour combattre durant la guerre franco-prussienne (1870-1871). Pourtant dispensé du service militaire puisque lauréat du concours général de 1869 et membre de l’Université, il rejoignit le corps franc des Vosges du colonel Bourras. Il se battit durant le conflit.
Une carrière préfectorale brillante
Étudiant en lettres, Hermann Ligier, travaillant un temps comme journaliste, soutint deux thèses pour son doctorat ès lettres, à la Faculté de Dijon, le 08 janvier 1880, dont La politique de Rabelais. Nommé peu avant, en 1877, sous-préfet de l’arrondissement de Mirecourt, il était docteur et sous-préfet – ce qui était alors assez rare, voire inédit. Il se fit remarquer notamment grâce à sa rhétorique. Il était un réel orateur, doué d’un esprit conciliateur.
Véritable intellectuel, il quitta la sous-préfecture de l’arrondissement de Mirecourt en 1879 pour devenir sous-préfet de l’arrondissement de Dole, et ce jusqu’en 1881. L’élection du Jurassien Jules Grévy à la présidence de la République française en 1879 accéléra possiblement sa carrière. En 1881, il fut nommé sous-préfet de l’arrondissement de Meaux. Deux ans plus tard, en 1883, il devint préfet du Jura. Comme le note La Sentinelle du Jura, la nomination d’un préfet dans son département natal était alors un fait rarissime, voire également inédit : « C’est la première fois, notons-le bien, qu’un préfet est appelé à gouverner un département qui lui est connu » (La Sentinelle du Jura, année 53, numéro 127, 24 octobre 1883. Par Var).
Il était donc présent à Mont-sous-Vaudrey le 15 août 1887, pour le quatre-vingtième anniversaire du président de la République française. Hermann Ligier s’inscrivait dans ce bouillonnement intellectuel présent dans le Jura à la fin du XIXe siècle. Ainsi, il pouvait échanger dans le cadre d’un comité départemental, avec une autre figure jurassienne, Louis Pasteur (1822-1895), notamment pour la préparation du centenaire de la Révolution française (1789-1799).
En 1888, il fut nommé préfet de la Somme, puis en 1890, préfet du Maine-et-Loire. Ce fervent républicain concourut à la croissance des valeurs républicaines dans les esprits français de la fin du XIXe siècle. En reconnaissance de ses engagements, il fut élevé au grade de chevalier de la Légion d’honneur en juillet 1885, avant d’être élevé à celui d’officier en juillet 1894.
1895, l’année de rupture
En 1895, Hermann Ligier fut « unanimement condamné par tous les vieux républicains de Maine-et-Loire » (Le Radical, année 15, numéro 305, 01 novembre 1895, p. 2.) d’avoir divisé les forces républicaines. Il fut placé « dans l’obligation d’abandonner [son] poste et [fut] en réalité mis en disponibilité pour raisons politiques » (Le Matin, année 12, numéro 4281, 18 novembre 1895, p. 3.).
Il quitta alors le corps préfectoral en 1895, avant d’être nommé trésorier-payeur général de l’Orne. En 1901, il devint ensuite trésorier-payeur général du Calvados. Après 1895, les évocations dans les articles de presse d’Hermann Ligier se raréfient. Il sombra véritablement dans l’oubli lorsque, sous la contrainte, il dut remplacer les mots par les chiffres.
Le 26 mars 1904, ce haut-fonctionnaire décéda d’une angine de poitrine à Paris, sans avoir engendré de descendance légitime connue. Son corps fut transporté à Poligny, où il est inhumé avec son père, Bélisaire Ligier, sa demi-sœur, Marie Aimée Blanche Ligier (1860-1907) et sa belle-mère, Aurélie Honorine Ligier (1830-1909) (seconde femme de son père avec lequel elle s’est mariée en 1857 à Le Pasquier, dans le Jura).
Frère aîné de Fernand Marie Alphonse Ligier (1851-1905) qui fut au cours de sa vie, docteur en médecine, conseiller général du Jura et maire de Poligny de 1892 à 1893, Hermann Ligier est un républicain qui fut reconnu pour ses engagements, bien qu’il ait sombré bien tôt dans les abîmes de l’histoire.
Pour en savoir plus : Une biographie sur Hermann Ligier est disponible dans la revue de l’association de sauvegarde du patrimoine polinois, numéro 35, 2020, pp. 55-80. Plus d’informations sur le site internet de l’association.