Il me reste moins de trois heures avant d’imprimer cette dernière édition et de partir en vacances pour trois semaines.
Pourtant, je me sens crispé. Et pour cause, je ne sais toujours pas avec quoi vais-je bien pouvoir remplir cette rubrique ! Le temps joue contre moi.
Il est évidemment hors de question d’évoquer les sujets du moment (canicule, feux de forêt, manque de moyens, crise du volontariat, etc…), puisque par définition, à quelques minutes des congés, l’actualité n’est plus actuelle. La voici déjà obsolète.
Mais alors que vais-je exploiter ? Sur quoi « partir » ?, comme on dit chez nous.
Depuis toujours, même si avec les années j’ai appris à mieux la gérer, cette angoisse de la page blanche est motrice. Elle alimente la mécanique narrative par des processus « réactifs » (à la peur du vide), primaires, inconscients, mystérieux, qui m’échappent totalement. Et c’est tant mieux.
Soudain, une idée saugrenue apparaît à mon esprit : si j’essayais de faire quelque chose avec rien ?
« Ah non, hors de question ! » éructe ma conscience. « Il te faut remplir ton rôle, jusqu’au bout » m’impose-t-elle. Voilà que ma meilleure amie, la permanente exigence jusqu’au-boutiste, pointe le bout de son nez.
En fait, je vivrais probablement très mal que mon lectorat habituel se sente victime d’une certaine forme de supercherie, pour ne pas dire de paresse intellectuelle.
Même si, j’en suis sûr, beaucoup d’entre vous avec la bienveillance qui les caractérise, assimileraient cela sans trop de difficultés, me trouvant même quelques excuses de circonstance du genre : « C’était sa dernière semaine », « Nous étions en pleine canicule », « On ne peut pas être à 100 % tout le temps », etc…
Oui…mais non !
Et puis, il faut reconnaître que brasser de l’air, faire du vent, user le soleil, n’est pas donné à tout le monde ! (Suivez mon regard).
Surtout, je ne bénéficie pas de l’enseignement des techniques très élaborées, savamment dispensées à certaines de nos élites dans quelques prestigieux établissements bien connus pour le formatage idéologique qu’ils induisent.
Je n’évolue pas là où la médiocrité a pris le pouvoir, afin de ne surtout pas faire de vague et de ne jamais bousculer l’ordre établi…
Immuable continuité, sacro-saint immobilisme, ordinaire linéaire auquel il convient d’œuvrer, afin que ne puisse dépasser le clou qui risquerait d’attirer le marteau.
Avec tout ça, (presque rien), on en est déjà à près de 2500 signes, c’est-à-dire au volume correspondant à l’espace qu’il me faut remplir. Les vacances se rapprochent…
On s’arrête là ? Non.
Avant de conclure, juste une dernière pensée. Importante. Nécessaire. Indispensable.
Je voulais tout simplement vous dire que vous allez me manquer. Que sans vous, j’ai du mal à me sentir utile. Voire à trouver sens à qui je suis (devenu).
Et pour cause, si j’en suis là aujourd’hui, à bénéficier de cette minime et modeste reconnaissance, je n’oublie pas que c’est surtout grâce à vous. A votre résonance, à cet écho à nos perceptions, nos exaltations, nos indignations communes, que nous partageons depuis plusieurs années maintenant.
Voilà, le vide est chassé, je vous souhaite de bonnes vacances à tous.
Et, si tout se passe normalement, je vous donne rendez-vous dès le lundi 22 août, pour de nouvelles aventures…