Éditorial

J'ai des doutes

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Coup de tonnerre ce début de semaine dans les différents arcanes de la communauté scientifique.
Une étude montrerait que l’ARN messager des vaccins anti-Covid pourrait s’intégrer à notre ADN… Du moins, c’est ce qu’affirmaient certaines récentes publications massivement partagées sur internet et les réseaux sociaux, lesquelles viennent remettre en cause l’un  des dogmes de la biologie moléculaire. En l’occurrence, que l’ARN ne se transpose pas spontanément en ADN dans l’organisme.
Précisément, le titre d’un article du Epoch Times ne souffre d’aucune ambiguïté. Publié au début de ce mois de mars 2022, le texte affirme que « L’ARN messager (ARNm) du vaccin Covid‑19 est capable de pénétrer dans les cellules du foie humain et de se convertir en ADN ».
Encore plus exactement, l’étude en question a pour titre « Intracellular Reverse Transcription of Pfizer BioNTech COVID-19 mRNA Vaccine BNT162b2 In Vitro in Human Liver Cell Line ». Elle a été publiée dans la revue « Current Issues in Molecular Biology » il y a trois semaines.
Immédiatement, l’incurable hypocondriaque que je suis, au carnet d’adresses noirci d’un bon nombre de numéros de téléphone de différents professionnels du monde médical (en cas d’angoisses soudaines, ça peut servir…), s’est rapproché des plus pertinents et plus disponibles d’entre eux afin de recueillir leur avis averti quant à ce sujet particulièrement pointu.
Un biologiste à la carrière plus qu’honorable m’a alors clairement indiqué :
« L’intégration de l’ARN messager à notre génome n’est pas possible. Essentiellement parce que l’ARN n’entre pas dans le noyau de la cellule, là où se trouve notre ADN, mais reste dans le cytoplasme ».
Et de me faire parvenir dans la foulée, avec toute la rigueur scientifique qui le caractérise, un texte de référence plus abouti mentionnant :
« L’ARN messager est situé dans le cytoplasme, l’ADN dans le noyau. Dans une cellule humaine, l’ARN messager ne peut pas être transcrit en ADN, car la cellule ne possède pas l’enzyme pour y parvenir. Toutefois, certains virus appelés rétrovirus, ont cette capacité : c’est le cas du VIH, virus à ARN à l’origine du Sida. Le VIH dispose en effet d’une enzyme appelée « transcriptase inverse », capable d’intégrer de l’ARN issu de l’ARN viral dans le génome de la cellule ». Voilà où se cachait le loup….
Rien d’étonnant qu’en proie à un tel flux d’informations contradictoires et de fake-news plus vraies que nature, même les journalistes scientifiques les plus aguerris ne savent plus qui croire, ou ne pas croire. Alors comment se rapprocher sinon d’une vérité, au moins d’une pensée rationnelle ?
C’est finalement mon voisin de chronique, notre cher docteur Bouvier, qui, lors d’une brève conversation téléphonique, s’est chargé d’éclairer ma lanterne, et comme souvent, de m’aiguiller sur la voie de l’apaisement. En cas de doutes trop persistants, on peut toujours croire en soi-même et en sa bonne étoile. C’est déjà ça…