Éditorial

La force des choses qui restent

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« Peut-être est-ce le début de la fin, mais il faut rester prudent ».
Désemparé par la tiédeur de cette phrase, martelée comme un mantra par nos diverses obédiences gouvernantes, je contemplais d’un œil narquois le matin de ce mercredi 2 février se lever.
C’était une certitude, le commencement de la levée des restrictions liées à la pandémie occuperait l’essentiel de l’espace médiatique. A défaut de se poser les bonnes questions et surtout d’y apporter les vraies réponses, il fallait bien parler de quelque chose…
C’était la grande libération. Du moins on nous la vendait, la survendait comme telle.
A en écouter la tonalité exagérément enthousiaste de certains chroniqueurs, on se serait cru revivre le 25 août 1944, on aurait dit que la quatrième division d’infanterie américaine venait de rentrer dans Paris, alors qu’il ne s’agissait finalement que d’annoncer la fin des obligations du port du masque à l’extérieur et du télétravail.
Décidément, la propagande d’État était judicieusement noyautée.
Tout cela occultait qu’il y a précisément deux ans, la ministre de la Santé de l’époque déclarait : « Les risques de propagation du coronavirus dans la population sont très faibles ».
Encore mieux (ou pire), deux jours après, Agnès Buzyn indiquait, toujours avec la même assurance qui sied aux sachants, que le masque était “totalement inutile” pour les non-malades.
Bien plus tard, acculée rétrospectivement face à l’ensemble de ses injonctions contradictoires, celle-ci reconnaîtra « savoir que la vague du tsunami était devant nous ».
Précisant même au sujet des élections municipales qui monopolisaient alors l’attention des débats : « Depuis le début, je ne pensais qu’à une seule chose : au coronavirus. On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade ».
Le ciel blanchissait à peine, je repassais en revue les principaux épisodes de cette ubuesque série noire : les confinements, les couvre-feux, l’école à la maison, ces notions de commerces ou d’activités, décidés (pour nous) essentiels ou non, ces formulaires d’attestations « de déplacement dérogatoire », ridicules et inutiles, qu’il était pourtant impératif de produire pour aller acheter son pain ou simplement prendre un peu l’air.
Les tricheries, les mensonges, la manipulation. Tous ces abus de confiance dont nous avons été victimes collatérales, conduisant pour bon nombre, à un isolement horriblement souffrant, aux idées sombres, à la valse des tourments, et aux regrettables passages à l’acte qui vont avec…
Retour au temps présent et à la revue de presse matinale. Mon état d’esprit dissonait, discordait, avec l’ambiance artificiellement joviale que l’on tentait de créer. Mais à en constater l’évolution des sondages, j’étais loin d’être le seul à discerner cette duperie machiavélique que l’on tentait de prolonger.
J’étais d’ailleurs plutôt confiant. Rassuré par le ressenti d’une potentielle émergence d’un printemps français qui, lorsqu’il arriverait, dévasterait toutes ces fumisteries sur son passage.
Nous approchions de la fin de l’hiver, le grand sommeil n’avait que trop duré. Un réveil tonitruant s’annonçait.
La fenêtre ouverte sur ce nouveau matin m’invitait à reconsidérer la frivole intensité des choses qui passent, pour privilégier la force des choses qui restent…