Comme un lundi : Volet sexiste

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Comme un lundi : Les lumières 2024

Elle était dépitée ma voisine l’autre jour en ouvrant ses volets roulants dernier cri (de marque Munch pour les spécialistes). J’avais dans les mains ma poubelle de déchets alimentaires que je m’apprêtais à jeter, mais je suis resté planté là, aux pieds de notre immeuble.

Elle m’a dit que je tombais bien, qu’il fallait qu’elle engueule quelqu’un. Tu te rends compte que plus l’engagement en faveur des femmes s’exprime dans le débat public plus l’engagement en faveur des hommes s’organise et plus le sexisme progresse, elle m’a dit. J’ai répondu que j’avais l’impression que justement, la tendance s’inversait, que #metoo était passé par là et que… mais elle a ajouté que la moitié de la population trouvait normal qu’une femme cuisine tous les jours pour toute la famille, qu’un quart pense que les hommes sont meilleurs en maths, performants que les femmes dans les matières scientifiques et davantage faits pour être patron, et je ne te parle pas des salaires, toujours largement inférieurs.

Ça la rend dingue, ma voisine ! J’ai dit que les mecs semblaient prendre conscience de plein de trucs (oui j’ai des arguments moi), mais elle m’a balancé tu plaisantes, un homme sur cinq pense qu’il faut être violent pour se faire respecter, ils sont encore si nombreux à être d’avis que les femmes veulent se faire démonter…

C’est pire que dans les années 70, il y a même des formations accélérées et gratos pour le sexisme, il suffit d’aller sur Internet. Je suis désespérée, elle a dit. En fait, les mecs sortent les poubelles, portent des pantalons et des shorts et les filles font la lessive, mettent des jupes et des robes, et ce n’est pas la montée de Jordan Bermuda dans les sondages qui changera quelque chose à notre linge sale, j’ai dit pour la faire marrer. Ma voisine a refermé ses volets.

Par Éric Genetet