Rubrique. Comme un lundi : À la masse

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Comme un lundi : Les lumières 2024

Ma voisine était très en colère l’autre jour en rentrant de son travail lorsqu’elle m’a rejoint au bistrot. C’était une fin de journée de boulot intense depuis 10h du matin…

Il était déjà 15h et je prenais l’apéro avec deux ou trois camarades. Elle s’est assise, elle a commandé une bière et elle a dit que pour équilibrer des finances de la France le gouvernement avait trouvé une super idée : remettre en question l’assurance chômage et que c’était pas nouveau, c’était au moins la troisième fois depuis la réélection d’Emmanuel Macron.

Ma voisine a balancé les chiffres après sa première gorgée de bière : le montant moyen des allocations a baissé de 20 % et la durée d’indemnisation de 25 % depuis 2019, et ça va continuer évidemment.

Attal fait la chasse aux abus, parce que c’est bien connu en France du boulot, il y en a partout ; il suffit de traverser la rue sans se faire écraser par le 30 tonnes de la honte. 6 millions de Français n’ont pas d’emploi et vous savez quoi, cette bande de feignants assistés se la coule douce.

Bon, le gouvernement oublie de dire que sur 6 millions, 40% sont indemnisés et que la moitié de ces 40% vit sous le seuil de pauvreté. C’est vrai que la situation de ces gens-là est enviable et que l’idée forte de réduire leurs droits pour qu’ils travaillent et que la France fasse des économies est magnifique !

Bravo, Gaby, a dit ma voisine. Et puis, comme les chômeurs sont au soleil en train de se faire dorer la pilule en se payant des cocktails avec leurs confortables allocations, ça passe. Macron et Attal oublient un petit détail, à part qu’il n’y a pas 6 millions de rues à traverser en France et 6 millions de jobs, ils oublient que notre système est fait de telle sorte que si un citoyen touche des droits au chômage, c’est parce qu’il a cotisé pour l’indemnité chômage, il a travaillé, parfois très dur pour un salaire de misère.

Un emploi est souvent précaire et justement, le chômage est une aide pour continuer à vivre, à faire vivre sa famille dans la dignité en cherchant un autre boulot. C’est un droit. Réduire encore ce droit est dangereux.

Outre la récupération politique des partis qui ne sont pas au pouvoir, mais qui feraient forcément mieux (pas vrai ?), réduire les droits au chômage revient à augmenter la pauvreté et les difficultés de ceux qui sont déjà dans le pétrin.

Et parmi eux, il y en a « quelques-uns » (en fait quelques millions) qui se battent comme des fous pour s’en sortir. Ma voisine n’a pas terminé sa bière et elle a traversé la rue.

Par Éric Genetet