Cherche papier désespérément

Le secteur de la presse espère un coup de pouce de l'État pour surmonter la flambée du cours du papier journal.

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La tonne de papier est passée de 400 euros à environ 900 euros.

Jusqu’à 45 % du coût de fabrication pour certains hebdomadaires nationaux : désormais la matière première des journaux de France et de Navarre vaut de l’or. De 400 euros la tonne de papier début 2021, nous voilà rendus à environ 900 euros au troisième semestre 2022 : plus de 100% de hausse qui font mal à un secteur en perte de vitesse, certains journaux payants se dépouillant d’environ 2 à 3% de lecteurs par an dans la presse régionale… L’Alliance de la presse d’information générale (Apig) chiffre même ce surcoût à environ 120 millions d’euros sur un an, un chiffre qui devrait atteindre 150, voire 175 millions d’euros dans les mois à venir si rien ne change. Il faut dire que le secteur engloutit 250.000 tonnes de papier par an (une partie provenant de papier recyclé) et qu’il paraît difficile de faire mieux avec moins. Selon Guillaume Le Jeune, président de Culture papier, association rassemblant de nombreux acteurs du secteur, la marge de manœuvre pour les éditeurs consisterait à réduire la pagination, le grammage, le format et la qualité. A l’image de certains produits de grande consommation, certains titres ont ainsi entamé un régime « minceur », en réduisant leur pagination, un phénomène moins perceptible par les lectorats que l’augmentation du prix de vente. De nombreux titres ont cependant augmenté de 20 centimes leurs parutions, à l’instar du Monde, du Journal du Dimanche, ou du Figaro en début d’année.

Un redéploiement du crédit d’impôt pour les abonnements

Au-delà de ces ajustements structurels, l’Apig souhaiterait un coup de pouce de l’État. Message entendu par le député Denis Masséglia (Renaissance) dont l’amendement au projet de loi de finances a été débattu, avec à la clé une cagnotte potentielle de 5 millions d’euros par an pour le secteur. Si l’Apig a salué le principe, elle à en revanche déploré la faiblesse des moyens envisagés pour faire face à un choc systémique pour le secteur. Des ajustements peuvent encore s’opérer, ce qui serait préférable au rabotage des ressources humaines, déjà sous pression. La presse quotidienne régionale semble particulièrement vulnérable, du fait de sa forte pagination, doublée de multiples éditions. Pour faire face, l’Apig prêche pour un redéploiement du crédit d’impôt pour les abonnements à la presse, voté à l’été 2020 en faveur des particuliers. Budgété à hauteur de 60 millions d’euros par an, ce dispositif a fait un flop total selon l’Alliance qui estime son coût a seulement 1 million d’euros pour l’État. Quant à réduire le papier au profit de formats numériques, si l’intention semble pieuse, les résultats ne se montrent pas à la hauteur. Le papier reste le principal vecteur de ressources face au numérique, et donc le nerf de la guerre…

La rédaction 

Les emballages font un carton

Avant de doubler, le prix du papier avait fortement chuté en 2019, de l’ordre de – 25 % par rapport au prix habituel de marché. Face à ce marasme, mais aussi aux difficultés structurelles de la presse écrite, certains fabricants se sont tournés vers un marché plus juteux : celui des cartons et des papiers d’emballage, qui lui a plutôt le vent en poupe. Même si les chiffres 2021 restent modestes en volume, le boom du e-commerce tirera logiquement la production vers le haut, d’autant plus que le glas semble sonner pour les emballages plastiques à l’heure du développement durable à tout crin.