Lucas, quel est votre parcours ?
J’ai passé un bac pro AMA CV (artisanat et métiers d’art option communication visuelle) à Besançon en alternance. J’étais apprenti à United Caps à Messia-sur-Sorne. Puis j’ai fait une licence DN MADE (diplôme national des métiers d’art et du design) avec mon alternance chez La Romaine, spécialiste de l’impression numérique, à Rioz en Haute-Saône.
Je suis actuellement en master à Nevers DSAA (diplôme supérieur d’arts appliqués). J’ai choisi le parcours « dispositifs scénographiques » pour apprendre l’agencement d’une exposition dans un musée, d’une scène de théâtre…
Je souhaite devenir enseignant de typographie. J’ai ouvert en parallèle une auto-entreprise de graphiste indépendant.
Pourquoi ce métier ?
J’ai découvert le travail de typographie avec un des plus grands : Franck Jalleau, décédé récemment. C’est aussi beaucoup de dessins techniques. J’ai développé cette passion lors de ma licence.
Comment êtes-vous venu aux EuroSkills, cette compétition qui rassemble des jeunes professionnels venus de toute l’Europe pour démontrer l’excellence de leurs compétences professionnelles ?
J’ai participé à la 46e édition lorsque j’avais 16 ans. J’ai obtenu la première médaille d’argent en régionale en 2020. Il y a trois phases : régionale, nationale, internationale. En 2023, j’ai obtenu la médaille d’or en régionale, puis la médaille de bronze en nationale. J’ai suivi le parcours d’entraînement pendant deux ans pour aller aux EuroSkills et j’ai décroché la médaille d’or cette année.
Que deviez-vous réaliser ?
Il y avait un sujet par jour. Il a d’abord fallu créer un logo et une identité visuelle pour une marque de nutrition saine en six heures. Puis une brochure de huit pages pour le semi-marathon de Copenhague en sept heures. Et enfin, un packaging pour un diffuseur d’huiles essentielles sur un thème ésotérique, nature, déesse de la lune… en six heures.
Mes deux années d’entraînement m’ont permis de toucher à tout. Là où je m’en sortais le mieux, c’était sur tout ce qui est technologique, mais il n’y a pas eu de sujet là-dessus !
Comment s’est passé cet entraînement ?
C’était deux heures de visio par semaine et cinq semaines de mise en conditions de compétition. Cet entraînement prend beaucoup de temps, c’est fatigant et j’étais dans mon année de licence, mais ça l’a fait ! Cela m’a beaucoup aidé aussi dans la gestion du stress, celui qui ne stresse pas fait le moins d’erreurs.
Quelles rencontres avez-vous faites ?
J’ai rencontré beaucoup de professionnels hyper talentueux et notamment ma coach, Sandy Champion, médaille d’excellence mondiale à Abu Dhabi en 2017. Je suis encore en contact avec d’autres compétiteurs également.
Avez-vous l’intention de participer à d’autres compétitions ?
J’ai l’ambition de faire MOF plus tard et je souhaiterais accompagner des compétiteurs comme le fait Sandy. Je reste bénévole dans l’équipe métiers d’EuroSkills.
Une cérémonie en mairie pour le féliciter
Jean-Yves Ravier a organisé une cérémonie en mairie pour « célébrer la victoire éclatante » de Lucas Pernet, en présence de sa famille. « Cette cérémonie n’est pas seulement la reconnaissance d’un titre, elle est aussi l’expression de la fierté collective de notre ville et de notre territoire tout entier », a souligné le maire.
« Votre parcours est celui de l’engagement, du dépassement de soi, et du talent patiemment acquis au fil des années. Vous incarnez l’excellence des métiers, une valeur fondamentale pour notre commune, notre région et notre société. A travers votre réussite, c’est toute une filière d’apprentissage et de formation professionnelle qui est honorée », a poursuivi l’élu.
La France a remporté 27 médailles lors de la dernière édition des EuroSkills au Danemark, ce qui l’a amenée à décrocher le titre de championne d’Europe des métiers, une première ! L’événement a rassemblé près de 600 compétiteurs issus de 33 pays, qui se sont opposés dans 38 métiers différents, de l’ébénisterie au soudage, en passant par la coiffure ou l’intégration robotique.
Du 16 au 18 octobre dernier, 800 champions régionaux devaient se retrouver à Marseille pour trois jours d’épreuves et de défis dans près de 70 métiers différents. Cette 48e édition de la compétition nationale des métiers était la dernière étape avant les WorldSkills Shanghai 2026, prévue du 22 au 27 septembre 2026.
« En portant haut les couleurs de Lons-le-Saunier, de la Bourgogne/Franche-Comté et de la France, vous prouvez que la réussite n’a pas qu’un visage académique : elle est aussi manuelle, technique, innovante. Vous inspirez la jeunesse à croire dans la valeur de l’apprentissage, de la transmission, et du travail bien fait, a conclu Jean-Yves Ravier. Vous démontrez que les métiers sont autant porteurs de passion que de diplômes, et que les parcours issus de l’apprentissage sont des vecteurs incontestés d’épanouissement personnel et professionnel. »


























