Foucherans. Avec son ouvrage, Jean-Marie Chekhab retrace l’histoire du camp militaire de Foucherans

Jean-Marie Chekhab, ancien professeur d’histoire à Besançon puis à Dole, vient de publier un livre sur le camp militaire de Foucherans. Il y retrace son rôle stratégique durant la Seconde Guerre mondiale et les témoignages des personnes qui y ont travaillé.

0
1069
Jean-Marie Chekhab présente, à travers son livre, l'histoire du camp militaire de Foucherans.
Jean-Marie Chekhab présente, à travers son livre, l'histoire du camp militaire de Foucherans.

Qu’est-ce qui vous a amené à écrire ce livre ?

J’avais déjà écrit un premier livre sur le pays Dolois, dans lequel j’ai eu connaissance de tous les événements aériens dans la région. Cela m’a permis de découvrir l’histoire aérienne locale, qui est très riche. À partir de 2002, je me suis intéressé au camp de Foucherans, parce que la première fois que je suis allé le découvrir, j’ai été stupéfait de ce que j’y ai trouvé. Je me suis intéressé au sujet, j’ai fouillé les archives, j’ai contacté des gens du coin. Et à l’été 2002, j’ai aussi organisé des visites guidées du camp, et ce jusqu’en 2009.

Avez-vous rencontré des personnes qui avaient connu le camp pendant la guerre ?

Oui, et cela a été une heureuse surprise. Beaucoup de personnes qui avaient travaillé dans le camp sont venues témoigner. Certaines avaient monté les murs du bunker, d’autres avaient travaillé à l’entretien et aux cuisines sous l’occupation allemande. J’ai aussi rencontré des soldats du génie de l’air qui sont venus me raconter comment c’était quand ils occupaient le camp.

Le camp a donc connu plusieurs périodes ?

Il a d’abord été construit par les Allemands au printemps 1943 et a fonctionné jusqu’en septembre 1944. Ensuite, quand les Américains sont arrivés, ils ont occupé le camp, mais sans rien construire, en l’utilisant comme entrepôt. Puis, ils ont été remplacés par les soldats du génie de l’air, qui m’ont fourni de nombreux témoignages et même des photos extraordinaires.

Vous avez travaillé dans beaucoup d’archives pour documenter le livre ?

Je suis allé aux archives de l’armée de l’air à Vincennes, j’ai consulté des documents allemands de Berlin, des archives américaines, mais aussi des archives locales dans les bibliothèques, médiathèques et archives municipales. Cela m’a permis de retrouver beaucoup de documents. Mes études m’avaient déjà donné les bases pour comprendre ce que je voyais. J’ai aussi échangé avec des collègues chercheurs sur internet et rencontré des témoins directs, comme Robert Escande, qui a été le seul à voir le bunker en état de fonctionnement, accompagné par un officier allemand.

Combien de temps ont duré vos recherches pour ce livre ?

J’ai commencé à défricher le terrain dès 2002. J’ai écrit ce livre l’an dernier. Avec toutes les connaissances accumulées en 23 ou 24 ans, il m’a fallu quelques mois pour le rédiger. Mais certaines parties ont demandé des approfondissements, notamment la première, qui explique pourquoi les Allemands ont voulu construire un tel camp à Foucherans.

Quel était exactement le rôle de ce camp dans le dispositif allemand ?

C’était le NJRF 120, le centre de commandement de la chasse de nuit n°120. Après la bataille d’Angleterre, les Britanniques lançaient des vagues de bombardiers sur les villes et industries allemandes, mais aussi italiennes et la vallée du Rhône. Pour contrer ces attaques, le Reich a couvert l’Europe de stations radar, reliées à des centres régionaux. Foucherans était l’un de ces centres : les radars alentours transmettaient les informations, qui étaient centralisées et exploitées ici.

Votre livre vous donne-t-il envie de poursuivre ce travail, peut-être en organisant de nouvelles visites ou en imaginant une suite ?

Pour l’instant, il n’y a pas de suite prévue. Mais j’espère que le livre pourra déclencher quelque chose, pourquoi pas un mémorial, ou bien un aménagement permettant d’organiser des visites guidées plus élaborées.

Pour en savoir plus

Histoire du camp militaire de Foucherans et de son bunker le NJRF 120 (Jura), 1940 –  années 2000 est disponible en librairie, aux éditions Cêtre.

Nouvelle Micra JMJ Lons-le-Saunier
L'un des bâtiments du camp. Crédit photo : Jean-Marie Chekhab
L’un des bâtiments du camp. Crédit photo : Jean-Marie Chekhab