Rubrique. Comme un Lundi : Au train où vont les choses

0
114
Rubrique Comme un lundi
Eric Genetet - Rubrique Comme un Lundi

Ma voisine adore passer le week-end à Paris, et dimanche dernier, elle se lève tôt pour prendre son train, arrivée prévue juste avant midi pour le déjeuner dominical chez Mémé, très à cheval sur les horaires des repas.

Ma voisine n’avale rien, elle se réserve pour le fraisier de Mémé (et moi j’aime beaucoup l’idée, à chaque fois elle me ramène une belle part de gâteau). À 9h27, elle est dans le métro, une notification sur son téléphone l’informe d’un retard estimé à 50 minutes. La cause : Sortie tardive de maintenance.

Deux minutes plus tard, elle reçoit un nouveau billet (Waouh, ils sont super organisés), elle n’est plus à la même place, la SNCF est désolée, etc, etc. Là elle se dit que ça ne sent pas bon pour le déjeuner, et qu’elle a le temps de prendre un express dans un bistrot sympa. Elle sort du métro, elle finira le trajet à pied après un café/croissant et un jus Detox. Elle se demande comment informer Mémé, et si finalement le retard sera réduit.

De temps en temps, elle jette un œil sur son téléphone. Elle quitte le bistrot sympa 30 minutes avant le départ de son train, elle marche 20 minutes. Elle arrive à la gare, toujours 50 minutes de retard. Sur l’application de la SNCF, la cause a légèrement évolué :  Mise à quai tardive en gare origine. Elle ne comprend pas ce que cela signifie, elle pense à prévenir Mémé quand, quelques instants plus tard, le retard s’allonge à une heure et 30 minutes. La cause : difficultés lors de la formation du train. Puis une voix fatiguée annonce dans les haut-parleurs qu’un changement de matériel est la cause du retard.

Ces explications, que ma voisine n’a même pas envie de comprendre, ont l’air d’être de bonnes excuses, un peu comme celles que l’on donne lorsque l’on n’a pas envie d’aller bosser : j’ai un début de gastro, la crème mousseline du fraisier n’était pas fraîche… Alors, ma voisine attend, debout, les places assises n’étant pas une option, dans le froid de la Gare de l’Est. La température a chuté, il fait 13, ressenti 10, elle est habillée comme la journée estivale la veille. Elle grelotte dans les courants d’air quand, à 11h24, on annonce le numéro du quai. Départ à 11h43, presque l’heure d’arrivée prévue.

Dans le train une voix dit que la rame ne voulait pas démarrer ce matin, désolé, etc. J’ai croisé ma voisine devant chez elle. Il était 14h30. Elle s’était levée à 8h pour être à l’heure chez Mémé, mais trop tard, pas de déjeuner, pas de fraisier. Mémé fut triste et ma voisine en colère. Elle m’a dit qu’elle pouvait comprendre qu’une panne ou une erreur humaine provoque un retard, c’est sûr que l’on ne remplace pas un TGV comme une trottinette en libre-service, mais que l’impression d’être prise pour une conne avec des explications bidon était insupportable. Sortie tardive de maintenance… Mise à quai tardive en gare origine… difficultés lors de la formation du train… La rame ne voulait pas démarrer… Madame SNCF, ça serait possible la prochaine fois d’avoir une explication claire, a demandé ma voisine ?

Elle sera dédommagée en bon d’achat recréditable correspondant à 25% du montant de votre billet, hors options… Merci.

Elle pourra s’acheter un croissant. Mais côté option justement, ma voisine a contracté un bon gros rhume des familles, un rhume de gare un peu en retard. Le seul gagnant dans cette histoire aurait pu être moi, car ce déjeuner raté a fait ma chronique, mais je n’ai pas vu la couleur du fraisier.

Pour découvrir d’autres article de la rubrique cliquez ICI.