Poligny. Le comté change de mains sans perdre son âme

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Fromagerie Brun
Les bâtiments de la fromagerie Brun. Celui de gauche n'est plus utilisé depuis les années 2000. Photo google maps.

Dans un territoire où l’on veille sur les meules de comté comme sur des trésors, l’arrivée d’un affineur venu de Haute-Saône aurait pu surprendre. Pourtant, c’est sans fracas que la fromagerie Milleret, fondée en 1921 à Charcenne, a pris racine à Poligny, en reprenant les rênes de la maison Brun. Une transmission paisible, entre deux entreprises centenaires, guidée par la volonté du Jurassien Thierry Brun, sans successeur, de confier son savoir-faire à un acteur familial, enraciné dans le tissu régional.

Un hasard de dates, une même mémoire

Il y a parfois des coïncidences qui résonnent avec une force tranquille. Brun et Milleret ont vu le jour la même année, en 1921. Deux maisons familiales façonnées par le lait, le temps long et une certaine idée du goût. Leur rencontre, un siècle plus tard, sonne comme une évidence. Un passage de relais, plus qu’un rachat.

Milleret investit deux millions d’euros

Aujourd’hui, 11 000 meules de comté poursuivent leur affinage dans les caves polinoises, désormais sous l’étendard Milleret. Mais la maison haut-saônoise ne compte pas en rester là : un plan d’investissement de deux millions d’euros est engagé pour moderniser les sites, améliorer leur performance énergétique et renforcer leur attractivité, notamment à l’international. L’ambition est claire : proposer une gamme complète, du Roucoulons au comté, capable de séduire les marchés export.

Si le respect des emplois et du savoir-faire rassure les acteurs locaux, la concentration progressive nourrit aussi quelques inquiétudes. À Poligny, pourtant considérée comme le cœur battant du comté, il ne resterait plus qu’un seul affineur indépendant. Une réalité qui interroge, dans un paysage où l’équilibre entre tradition artisanale et logiques industrielles reste fragile.