Quoi de mieux que la salle Edgar Faure, lieu habituel du conseil municipal dolois où parfois les joutes oratoires donnent lieu à des débats enflammés, pour accueillir le très attendu match rhétorique, entre l’équipe (humaine) des philosophes Stéphane Haslé, Mathéïs Nelle et Anthony Monnot, et l’intelligence artificielle Chatgpt.
Ainsi vendredi soir, presque tous les fauteuils étaient garnis pour assister au débat portant sur l’interrogation existentielle « Faut-il penser l’Humanité comme une espèce animale parmi d’autres, ou lui reconnaitre une identité particulière ? ».
Evidemment, le contexte offrait une tonalité toute particulière à cette « étoffe de philosophe », forcément exceptionnelle.Comme l’expliquait en préambule le directeur de la MJC Pierre-Olivier Laulanné, ces soirées sont organisées afin d’apporter matière à réflexion sur la citoyenneté et la culture.
« C’est aussi le lancement du festival des Mycéliades, qui se déroulera jusque mi-février et portera précisément sur le thème des intelligences artificielles. Des nouvelles technologies qui vont impacter notre avenir… Cela mérite que l’on s’y penche de plus près « , observait-il.
Vous avez-dit Humanité ?
Mathéïs Nelle dégainait le premier.
Rapidement, l’étudiant en philosophie évoquait, pour l’Homme, « un rapport à l’outil comme une extension de lui ».
« On passe de l’objet virtuel, à un rapport d’agencement avec le monde, utilisé et approprié comme une structure technique. A la différence des castors qui utilisent des morceaux de bois pour construire des barrages ».
Anthony Monnot faisait quant à lui référence à la nature et à la culture.
« La culture est une construction de notre modernité. Elle illustre la conscience de soi, et le rapport à la confrontation avec un autre individu. Et puis, il y a aussi le travail. L’animal ne transforme pas le monde, du moins, il ne planifie pas et n’imagine pas avant d’agir ».
Le mot de la fin revenait naturellement à Stéphane Haslé.
Le penseur chevronné soulignait « notre identité propre, qui ne peut nous rattacher aux animaux ».
« L’Humanité de l’homme vient de l’homme lui-même. Comme la culture, c’est une définition auto-attribuée. C’est d’ailleurs pour cela que la question du sens de l’existence humaine ne sera jamais réglée. Contrairement à ce que prétend Chatgpt, il n’y a pas de synthèse possible. Le rapport des animaux à eux-mêmes, ne leur appartient pas ».
La victoire du cerveau humain…
La réponse de Stephane Haslé était alors soumise à l’intelligence artificielle qui concédait « la spécificité culturelle de l’Homme » mais reprochait au philosophe « un risque de tendance essentialiste, entre nécessités biologiques et culture humaine ». Et de conclure en jugeant son explication caractérisée par un « anthropocentrisme simpliste ».
Ce qui ouvrait l’angle d’attaque fatal :
« Nous voyons bien que les réponses ne vont pas à la racine des choses. Chatgpt nous fait du « en même temps »… (rires dans la salle). Soyons sérieux, ce ne sont pas les animaux qui ont inventé la bombe atomique… Je persiste à attribuer à l’Homme, une spécificité absolument singulière. D’ailleurs, attribuer des qualités humaines à l’animal reviendrait à le désanimaliser… »
Silence de cathédrale puis applaudissements nourris dans la salle.
L’humain venait formellement de battre l’ordinateur.
Plus d’infos sur : https://www.mjcdole.com
En terme d’intelligence artificielle, la France reste à la traîne…
Créée par Linagora et le CNRS, « Lucie », une intelligence artificielle (IA) française vient de voir le jour il y a peu. Mise en ligne le 23 janvier 2025, et immédiatement soumise aux questions des internautes, celle-ci a rapidement démontré sa fragilité, assurant par exemple que les vaches pondent des œufs !
Plus préoccupant, selon un post de la Direction générale de l’enseignement scolaire (Eduscol), Lucie « devrait être adaptée pour le monde de l’éducation courant 2025 ».
Comme quoi, avant de s’ériger contre X, le réseau social d’Elon Musk, certains institutionnels, donneurs de leçon de « valeurs démocratiques » devraient peut-être commencer par être capables de rivaliser avec son intelligence artificielle…
C.K
