Billy Fumey, spécialiste des langues régionales. Crédit : Anthony Soares.

Tout d’abord, il n’y a pas un patois franc-comtois, mais deux langues régionales.

Le franc-comtois, parlé autrefois dans la partie nord de la Franche-Comté, que nous partageons avec les Suisses (notamment le canton du Jura). L’arpitan comtois, plutôt parlé dans la partie sud, et dont les variantes vont jusque dans la vallée d’Aoste, en Italie.

Aujourd’hui, peu de Francs-Comtois parlent ces deux langues : Billy Fumey en fait partie. D’après lui, il serait un des derniers à parler l’arpitan comtois. « S’il y en a qui le parle, il faut me le dire ! Il y en a peut-être dans la région de Bletterans ? », confie-t-il. Pour le franc-comtois, toujours selon lui, ils seraient quelques centaines de locuteurs. « En Franche-Comté, le premier texte en franc-comtois date de 1525 et fut écrit dans l’actuel Territoire de Belfort. Pour l’arpitan, il faut attendre 1668 ! », indique-t-il, avant de poursuivre ; « déjà au XIXe siècle, la majorité des glossaires présentent un déclin progressif de l’usage de ces langues. »

Le franc-comtois ressemble plutôt à : « piepe yun frainc-comtou n’é mairtchi tchu lai leune, i sraî dâli lou premie ». L’arpitan à « pai ion frinc-comtè n’a martsi su la lna, i sèrai adon lou proumi ». Comprenez en français, « Aucun Franc-Comtois n’a marché sur la Lune, je serai donc le premier ! ».

Billy Fumey, un des derniers à parler l’arpitan comtois. Crédit : Anthony Soares.

Faire connaître et étudier les langues régionales

Pour lui, tout a commencé avec des rencontres. En 2006, lors d’un voyage en Bretagne, il a remarqué là-bas l’importance des langues régionales. « Je me suis dit qu’il y avait une opportunité de faire quelque chose de similaire en Franche-Comté. » Il s’est alors lancé dans une carrière musicale. Il s’est produit jusqu’aux États-Unis, notamment à Besancon, dans l’État de l’Indiana où il a chanté en franc-comtois. Aujourd’hui, il a plutôt troqué le micro pour la plume. En 2021, il a sorti une traduction du Petit Prince en franc-comtois, qui s’est très bien vendue. Il aimerait publier d’autres traductions, notamment de bandes dessinées, dont Tintin et Lucky Luke. En ce moment, il travaille sur un projet d’écriture autour des prénoms en Franche-Comté.

Cet homme de 33 ans tente aussi de sensibiliser les plus jeunes à nos langues régionales. Sur TikTok, il publie souvent du contenu où il propose de traduire un mot français en franc-comtois et en arpitan comtois. Une cinquantaine de vidéos sont déjà disponibles et de plus en plus d’amateurs le suivent. L’occasion d’apprendre de manière ludique à parler le franc-comtois et l’arpitan comtois. « Bonjour, Bondjoué, Bondze. Aujourd’hui, traduisons le mot pomme de terre… », peut-on par exemple entendre. Et à l’écoute de ces langues, on comprend certains mots, sans les connaître. Des mots d’arpitan ont d’ailleurs donné des mots communs en français, comme chalet, fruitière, avalanche et tartiflette.

Même s’il existe des associations qui valorisent ce patrimoine, il souhaiterait aussi créer un pôle de recherche et de diffusion autour des langues régionales en Franche-Comté. Un patrimoine effectivement à préserver !

Vous l’avez compris, le français régional est donc différent du franc-comtois et de l’arpitan.

Quelques mots pour apprendre le franc-comtois et l’arpitan comtois

Français Franc-comtois Arpitan comtois
Bonjour Bondjoué Bondze
Merci Grand mèchi Grand maçi
S’il vous plaît S’è vôs piaît S’i vos plait
Au revoir È lai revoiyotte À revoi
Bonne nuit Boènne neût Bouna nâ
Cancoillotte Froumaidgiere Cacouillotta
Comté Comtè Comta
Saucisse de Morteau Aindoéye de Moutchau Seucissa de Môtâva
Morille Maireûle Mourua
Asperge Aspèrdge Patotte