C’est un événement ! Pour la première fois, le Jura produit de l’énergie solaire, et pas qu’un peu. Depuis la fin juillet, les 62.217 panneaux de la ferme solaire, répartis sur 27 ha à Picarreau, produisent à pleine puissance : de quoi alimenter environ 10.000 foyers (soit la population de Lons le Saunier) en énergie électrique.
Une grande satisfaction pour Dominique Pellin, maire de Picarreau et fondateur du projet : « Depuis que nous avons débattu du projet en 2014, le conseil municipal a toujours été unanime sur son bien fondé. Si on y ajoute le parc éolien de Chamole, on estime que 22.000 foyers sont alimentés en énergie renouvelable ».
Environ 20% des besoins du Jura sont couverts par une production « verte », un pourcentage bien supérieur à de nombreux départements. Tout ceci ne s’est pas fait sans peine et l’inauguration effectuée début octobre a permis de retracer une partie de ce marathon : deux arrêts de chantier pendant les confinements, les difficultés à s’approvisionner en panneaux suite à ceux-ci, les 75 ouvriers présents sur le chantier au plus fort de celui-ci, mais aussi les lourdeurs administratives.
Un cadre administratif à alléger
Anthony Bonello, chef de projet de l’opérateur Corsica Sole, a ainsi évoqué de services de l’État compréhensifs et aidants, mais soumis à un cadre draconien : des études environnementales qui durent un an, puis encore 6 mois pour obtenir le rapport; deux sessions seulement par an pour solliciter une autre autorisation, etc.
« Il faut environ 5 ans pour le solaire, 10 ans pour l’éolien, et 20 ans pour le nucléaire » résume t-il. Beaucoup trop long, surtout à l’heure où les énergies fossiles disparaissent ! « Il faut fluidifier ces procédures » affirme t-il rejoint en ce sens par Dominique Pellin.
Selon le chef de projet, Picarreau représente également une réussite, car il n’était pas si facile d’aménager « cette ancienne friche vallonnée, comprenant des dolines » avec un mix de différents panneaux solaires.
Des panneaux qui produiront même lorsque le temps sera couvert ou pluvieux, grâce à la luminosité ambiante… Désormais donc, que la lumière soit !
Stéphane Hovaere
Deux autres communes partantes
Dominique Pellin, entièrement dévoué à ce projet, souhaiterait aller encore plus loin en stockant une partie de l’électricité ‘verte’ sur le site grâce à des batteries ad hoc, pour lisser le caractère intermittent du solaire. Même si techniquement, cela semble très difficile, un autre projet verra le jour d’ici le printemps : « Nous avons réouvert et aménagé un sentier de randonnée pourvu de kiosques pédagogiques » explique t-il.
Des panneaux permettront d’expliquer au grand public l’utilité du parc, et sa démarche éco responsable, au point qu’il se fond entièrement dans son environnement et sera de ce fait invisible depuis son périmètre. La réussite de Picarreau pourrait aussi faire des petits : outre le ‘méga’ projet de Loulle (100 hectares), une commune proche de Lons souhaiterait se lancer dans le solaire.