Semaine du 13 au 19 décembre
Le 18 décembre 1891, un rédacteur du Petit Comtois publia, dans l’édition de ce titre, un récit présent dans L’Abeille jurassienne. L’article commence ainsi : « Chacun sait que, dans notre forêt d’Arbois, il existe plusieurs trous dont on n’a jamais pu connaître la profondeur. Or, une partie des vêtements du sieur S…, ayant été retrouvés au bord d’un de ces précipices appelé le Trou de la Fosse, il paraissait probable que la pauvre désespéré y avait cherché la mort ».
Un homme, nommé Narcisse Chevalier, fut le premier à descendre dans le gouffre pour retrouver le corps, mais ce fut en vain. Une seconde exploration fut réalisée par Charles Paris, peut-être le 9 décembre 1891.
Vers 13h00, l’homme, équipé de tout le matériel nécessaire, entreprit sa descente dans la cavité. Au fond de celle-ci, sa voix ne parvenait pas réellement jusqu’à la surface. Alors, lorsqu’il demanda que la corde lui soit lâchée, « on manœuvra la poulie de manière à le faire remonter », précise l’auteur de l’article. Surpris, il fut balancé et dans la précipitation, sa lanterne se brisa. Lorsque les personnes qui le tiraient purent comprendre ce qu’il disait, il leur expliqua vouloir y retourner. Il ralluma sa lanterne et descendit à nouveau.
« Se tenant sur la droite du gouffre, il prit pied dans un espace assez vaste, sorte de caverne où il eut enfin la chance de découvrir le malheureux S… dans la position d’un homme couché sur le ventre », précise l’article. L’homme était mort. Mais le travail ne faisait que commencer : il fallait dorénavant sortir le corps. Charles Paris utilisa sa ceinture pour le remonter à la surface. « Mais cette opération ne put s’effectuer, parce que le corps, par suite des mouvements, s’accrochait aux aspérités du rocher. Alors le courageux explorateur n’hésita pas ; il redescendit. […] [Il] parvint à saisir le cadavre, qu’il fut obligé de remonter à la force du poignet pendant environ 25 mètres », note l’article.
Il est aisé d’imaginer cette scène dramatique, tout comme les efforts fournis par cet homme pour qu’une famille puisse faire le deuil d’un de ses membres. Une véritable aventure dans les entrailles de la terre !
Le Petit Comtois, 18 décembre 1891, numéro 3051, p. 2.