« Pourquoi ce projet, dans un secteur peu venté ? » : Hubert Michel, président de l’association « La Joux, vie et patrimoine » attaque bille en tête le futur parc éolien de la Basse Joux. Selon lui, pour aller chercher les vents plus haut, la taille des éoliennes a été revue à la hausse, passant de 160 mètres en bout de pale, à 200 mètres : « aussi hautes que celles de Chamole, mais plus puissantes ». D’après lui, pour la même taille, les éoliennes produisent chacune 4 MW, contre 2,8 MW auparavant, ce qui nécessite des fondations plus ‘béton’. Ce qui le chagrine, ce sont aussi les travaux entrepris en forêt : « Il est prévu de déboiser environ 2 ha, mais d’autres exemples en Alsace nous font penser que cela sera 3 ou 4 fois plus ». Auxquels il faudra ajouter l’élargissement des pistes forestières, pour leur permettre d’accueillir des convois exceptionnels, et la présence d’eau souterraine à proximité. Enfin, Hubert Michel pointe du doigt la présence du milan en forêt : « les systèmes pour effaroucher les oiseaux, ou pour arrêter les pâles des éoliennes à son approche, n’ont pas prouvé leur efficacité » assure t-il.
« Il y a eu depuis 2017 énormément d’études déjà réalisées sur l’écosystème »
Des propos contredits par les porteurs du projet, à commencer par les maires des quatre communes concernées. Yves Lacroix, premier édile de Plénise, et Jean-Noël Ferreux, son homologue d’Esserval Tartre, tiennent un tout autre langage, à commencer justement par le fameux milan : « Il y a eu depuis 2017 énormément d’études déjà réalisées sur l’écosystème (oiseaux, chauve-souris, ressources en eau, etc.) ». Avec quasiment aucun milan observé en forêt, car quand on connaît les lieux, assurent-ils, on sait que le milan chasse ses proies et vit essentiellement dans les prairies. Selon eux, le projet sera aussi respectueux des ressources en eau, car les réseaux souterrains passent à plus de 10 km de là, « ce que prouvent des études réalisées par trois cabinets ».
Deux fois plus de vent que nécessaire
Tout projet éolien étant extrêmement encadré par la loi, les 3 ha de forêt déjà ravagés par le scolyte (insecte) et donc condamnés à mourir, seront compensés par 10 ha de plantation ailleurs. « On a perdu en 2 ans énormément de production » de bois constatent désemparés les deux hommes. Une perte sèche pour ces petites communes, qui serait largement compensée grâce aux éoliennes. En plus des retombées fiscales, chacune des deux communes, pourrait prétendre à un loyer de 14.000 €/par an et par éolienne. Plus un ‘bonus’ de 100.000 € versé par le promoteur Opale, fléchés en grande partie vers la construction d’un terrain de sport, à côté du nouveau groupe scolaire de Censeau.
« Les éoliennes, ce seront de nouveaux plus pour la population locale » affirment-ils, les communes ayant la possibilité d’investir dans les équipements d’intérêt public (micro-crèche…), la voirie, etc.
« Il n’y aura pas de nuisance sonore »
De quoi dissiper le spectre d’une dévalorisation foncière liée à la proximité des éoliennes, mise en avant par leurs détracteurs : Yves Lacroix et Jean-Noël Ferreux rappellent que les villages les plus proches se situent à environ 2 km des éoliennes. « Il n’y aura pas de nuisance sonore » expliquent-ils, en outre, « Opale a mené des études sur son parc voisin du Lomont (25), qui prouvent bien qu’il n’y a pas eu de dévalorisation sur l’immobilier » ajoutent-ils. Ils battent également en brèche l’argument majeur des ‘antis’ : « Un mât de mesure installé depuis 3 ans, à constaté 5.8 m/s de vent en moyenne annuelle. Et quand on sait qu’une éolienne produit dès 2.5 m/s… ». D’après eux, le parc du Lomont voisin montre bien que des alternatives au tout nucléaire fonctionnent et marchent.
Deux conceptions écologiques s’opposent
Mais au final, deux conceptions de l’écologie s’opposent à commencer par celle d’une protection totale de la forêt, quitte à empêcher un projet qualifié « d’écologique » de voir le jour. Quand on demande à Hubert Michel comment assurer l’avenir énergétique de la France, il évoque la décroissance économique, le fait de moins consommer et de moins produire, d’isoler les passoires thermiques, etc….
De leur côté, les deux édiles mettent en avant le fait de pouvoir agir concrètement pour produire une électricité « verte » pour pas moins de 25.000 habitants, et de pouvoir remettre en état la forêt après les 20 ans d’exploitation prévus.
Pour l’instant, l’heure est à l’enquête publique, permettant à chacun de s’exprimer, avant d’autres étapes dans ce marathon administratif.
A suivre…