761 000 habitants de Bourgogne Franche-Comté exposés aux particules fines

Entre 2008 et 2018, les émissions de particules fines ont baissé d’un tiers dans la région.

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Il faut que tu respires

La pollution atmosphérique représente un risque environnemental majeur pour la santé de tous. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a établi des lignes directrices visant à la réduire par une série d’actions à mener dans différents domaines tels que les transports, l’urbanisme et l’activité industrielle. La concentration de particules en suspension (PM pour particulate matter) fait partie des principaux indicateurs de la pollution atmosphérique. Leur nocivité est liée en particulier à leur taille. D’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, elles pénètrent plus facilement dans l’organisme. L’OMS recommande un taux de concentration dans l’air inférieur à 10 µg/m³ pour en limiter les impacts.

Les activités résidentielles représentent 45% des émissions

Sur les 10 300 tonnes recensées en 2018, le département du Doubs est le premier émetteur (essentiellement au niveau de l’Aire urbaine Belfort-Montbéliard) devant la Saône-et-Loire et la Côte-d’Or. Les activités résidentielles et tertiaires sont les principales émettrices de PM2,5 et particulièrement la combustion des appareils de chauffage (le chauffage au bois en est la principale source). Dans les huit départements de Bourgogne Franche-Comté, les activités résidentielles représentent 45% des émissions, loin devant le transport routier (essentiellement les véhicules particuliers) à 24%, les industries (17%) et l’agriculture (12%).

 

 

Le massif jurassien épargné des particules fines

De Maîche (Doubs) au Sud-Revermont (Jura), le seuil de 10µg/m³ n’a jamais été dépassé depuis 2016. A contrario, la Bresse (axe Dole – Macon) atteint des seuils inquiétants autour des deux autoroutes A6 et A39. Logiquement, la concentration urbaine et industrielle dans le Nord Franche-Comté crée les conditions favorables à des émissions importantes de particules fines. Plus rassurant à l’image du Haut-Doubs, près d’un million d’habitants de Bourgogne Franche-Comté ne sont jamais concernés par le dépassement de la recommandation de l’OMS, soit un tiers de la population régionale.
Les particules fines n’ont pas de frontières. Par exemple, les contreforts des Vosges et la faiblesse de vents bloquent les polluants sur le Nord Franche-Comté pendant que le couloir rhénan peut en attirer d’autres.
Les principaux centres urbains de la région ne sont pas logés à la même enseigne. 47% de la population de Grand Besançon Métropole sont régulièrement touchés par une concentration importante de particules fines pendant que la Métropole dijonnaise n’est concernée que pour 7,7% de ses résidents.

Baisse régulière des émissions depuis 10 ans sur la base de 10µg/m³

Il faut noter que l’étude menée entre 2016 et 2018 par l’INSEE, la DREAL et ATMO Bourgogne Franche-Comté) prend l’hypothèse la plus basse d’objectif de qualité retenue par l’OMS (10µg/m³). Selon le droit européen, la valeur limite pour la protection de la santé humaine et la végétation est fixée à 25 µg/m³ en moyenne annuelle avec une valeur cible à atteindre de 20µg/m³.
Entre 2008 et 2018, les émissions de particules fines ont baissé d’un tiers dans la région, soit 4 600 tonnes de moins en 10 ans. L’activité résidentielle et tertiaire a baissé fortement ses émissions (-34%) mais également dans les transports où la baisse a été de 31%. Dans le Doubs, la baisse n’a été que de 25%, la plus faible de tous les départements de la région (avec de fortes disparités).
Conclusions de cette étude : le transport routier et les activités industrielles ne sont pas, et de loin, les principaux émetteurs de particules fines. La croissance économique n’est donc pas un obstacle à la protection de l’environnement.

Yves Quemeneur