Près de la moitié des jeunes de familles CSP- sont en risque de décrochage en orientation comme le révèle une récente étude Viavoice pour l’Afev, Article 1, Chemins d’avenirs, JobIRL, Tenzing et 100.000 Entrepreneurs. Ces jeunes, massivement concentrés dans les quartiers populaires et les territoires ruraux aspirent beaucoup moins à faire des études supérieures et doutent fortement de leur capacité à réussir.
Ils sont scolarisés dans des établissements des quartiers en Politique de la ville ou dans des territoires ruraux. Leurs parents sont employés, ouvriers, ou inactifs et n’ont pas de diplôme d’études supérieures. Ces jeunes cumulent les difficultés sociales et territoriales et, pour cette raison, ne parviennent pas à se projeter vers une orientation réaliste et ambitieuse. Ainsi font-ils des choix d’orientation différents de la moyenne des élèves. L’absence de réponse éducative adaptée alimente cette reproduction sociale et géographique… avec des conséquences, souvent préjudiciables.
Lorsqu’on interroge les jeunes sur leurs futurs choix de métiers, ce conditionnement se retrouve de façon claire. Les enfants de catégories socio-professionnelles plus aisées (CSP+) citent les métiers de médecin ou professeur en tête. Les enfants des catégories socio-professionnelles modestes (CSP-) citent plus volontiers les métiers de l’artisanat, de l’industrie ou du BTP…
« Certains métiers sont tout simplement interdits à une large part de nos jeunes »
« Alors que ces jeunes sont assis sur les mêmes bancs de l’école de la République (dont l’une des promesses est l’égalité de traitement et d’apprentissage…) on voit bien que les dés sont pipés, dès le départ. Certaines formations, certains métiers sont tout simplement interdits à une large part de nos jeunes. A fortiori quand les déterminismes sociaux et géographiques s’additionnent.
Pour le dire autrement : encore aujourd’hui, en 2023, si vous êtes jeune d’origine modeste dans un territoire rural ou un quartier dit sensible, accéder aux métiers de la tech, devenir journaliste, médecin ou écrivaine vous est trop souvent interdit », note Salomé Berlioux, fondatrice et directrice générale de Chemins d’avenirs.
L’environnement territorial, principal frein à l’égalité des chances
L’environnement proche des jeunes concentre la majorité des sources d’informations pour construire leur futur. C’est cet environnement scolaire et familial qui joue un rôle prépondérant dans leurs aspirations académiques puis professionnelles. Si seuls 44% des enfants dont aucun parent n’est diplômé du supérieur pensent pouvoir prétendre à un diplôme de niveau licence, ils sont 64% chez ceux dont au moins un des parents est diplômé.
Les enjeux de mobilité sont aussi mentionnés par les sondés comme un facteur de « décrochage en orientation ».
Sur l’ensemble des jeunes qui ne souhaitent pas déménager pour accéder à un diplôme en lien avec un projet de métier, la moitié pointe le manque de moyens financiers comme un obstacle (57 % pour les élèves issus de familles CSP -).
Cet état de fait est évidemment lourd de conséquence dans la ruralité et plus largement dans les territoires éloignés de l’offre de formation, comme le Jura…