Il est content !
La nouvelle réforme de l’assurance-chômage, qui passe par une réduction de la durée d’indemnisation, devrait déboucher sur « 100 à 150 000 » retours à l’emploi supplémentaires en 2023, a affirmé fièrement lundi le ministre du Travail, Olivier Dussopt, lors de la présentation par le gouvernement aux partenaires sociaux, des nouvelles mesures assumées de “durcissement” de l’indemnisation des demandeurs d’emploi.
Comme si seul le fait de se retrouver sans travail ne suffisait déjà pas à durcir considérablement sa condition…
Ainsi, au 1er février prochain, tous ceux qui s’inscriront au chômage auront une durée d’indemnisation en baisse de 25 % par rapport aux règles actuelles.
Oui oui, carrément 25%, comme ça. Sans préavis.
Circulez y’a rien à voir, c’est moi qui décide, toi qui cotises et point final.
L’assurance chômage doit être « plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé », justifie le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
Lequel ne semble pas se rendre vraiment compte de toutes les destinées (parents, enfants…) que cette réforme risque encore de faire dérailler à partir du 1er août prochain, lorsque les premiers impacts vont se concrétiser dans la vie des demandeurs d’emploi.
Il faut dire qu’à défaut d’appréhender le réel et d’assimiler l’extrême difficulté de notre quotidien, où parvenir à joindre les deux bouts devient quasiment impossible avec un Smic ou une allocation chômage du même montant, le gouvernement préfère fonctionner avec un système de couleurs (celles du nuage des Bisounours ?) : vert quand la situation économique est considérée comme bonne, rouge quand elle est mauvaise.
Pour être dans une zone rouge, il faut un taux de chômage au-dessus de 9 % ou en progression de 0,8 point sur un trimestre.
Si pendant trois trimestres consécutifs, le taux de chômage revient sous les 9 % et ne connaît pas de progression supérieure à 0,8 point, la situation repasse au vert. Aujourd’hui, la période économique est ainsi considérée comme verte. Le taux s’établissant entre 7,3 et 7,4 % depuis le début de l’année.
Tous les feux sont donc au vert, c’est magnifique. On est pas bien là ?
Il faut dire qu’il n’y a rien d’étonnant à la brutalité de cette profonde injustice sociale (ce sont encore les plus modestes qui trinquent au profit des plus aisés), puisque cette mesure figurait parmi les promesses de campagne d’Emmanuel Macron, pour qui l’assurance chômage doit être « plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé ».
Comprenez par là, que l’on en arrive, insidieusement, voire sans s’en cacher (c’est d’ailleurs là où c’est plus grave), à imposer aux chômeurs en fin de droits, donc les plus en difficulté, de devoir accepter n’importe quelle activité, juste pour pouvoir survivre.
Et ce, y compris sous les statuts les plus précaires (comme celui d’auto-entrepreneur), c’est-à-dire sans protection sociale décente.
Bref, c’est En Marche ou crève !
Jusqu’à quand les plus modestes vont-ils se laisser ainsi rabaisser, contraindre, humilier, ou carrément se voir dicter leur mode de vie, sinon de survie, (et de travail) sans broncher ?
Lorsque le contenu de cette réforme a été officialisé lundi midi, il ne m’a fallu que quelques minutes, deux ou trois échanges furtifs avec quelques syndicats et agents du renseignement intérieur, pour confirmer mes doutes. Eux aussi partagent mes craintes.
Au-delà des manifestations encadrées et des débats politiques houleux, j’ai bien peur que tout cela ne finisse prochainement très mal…