Urgentiste décédé du Covid : « classé sans suite »

Le parquet jurassien ne retient aucune charge à l'encontre de l'hôpital de Lons où exerçait Eric Loupiac.

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Eric Loupiac est décédé du Covid à 60 ans, après avoir soigné des patients atteint de celui-ci en pleine pénurie de masques.

« J’ai été atterrée en apprenant cette nouvelle » : pour Claire Loupiac, veuve du médecin urgentiste décédé du Covid à l’âge de 60 ans, l’incompréhension est totale. Lionel Pascal, procureur auprès du tribunal de Lons-Le-Saunier a en effet rendu sa décision, une décision attendue depuis deux longues années. Et c’est un classement sans suite qui répond à la plainte déposée par Claire Loupiac, au motif « qu’un protocole sanitaire avait été mis en place » par l’hôpital « bien avant la contamination du Dr Loupiac ». Selon ce communiqué, la protection reposait sur des gestes barrières, et l’utilisation de moyens qui étaient disponibles au sein des urgences lédoniennes.
« Le Dr Loupiac portait, lors des consultations, les équipements de protection prévus au protocole sanitaire », souligne le procureur.
Des arguments inadmissibles pour Claire Loupiac, qui rappelle l’état des urgences à l’époque au début (foudroyant) de la pandémie : « Les malades ne portaient pas de masques et se côtoyaient durant des heures au sein des urgences » affirme t-elle.
Tout le contraire de ce qu’Eric Loupiac avait dit et redit à sa femme et aux autorités compétentes : « Il faut trier les patients à l’extérieur de l’hôpital, et donner des masques à ceux atteints du Covid ».

Une nouvelle procédure à venir

Médecin colonel à la brigade des sapeurs pompiers de Paris, formé à la médecine de catastrophe, et ayant soigné des patients contagieux sur des théâtres d’opération extérieurs (Liban), Éric Loupiac avait vu juste à l’époque en prédisant :  » Cette épidémie n’est pas comme les autres et on en aura pour longtemps ». Sa veuve relate qu’il suivait de près l’évolution de l’épidémie en Chine puis en Italie avant que la pandémie ravage la France : « Comment a-t-on pu laisser les frontières ouvertes, et la population sans protection, ce qui a conduit à une première vague de 30.000 morts ? » s’insurge-t-elle. « Mon mari a voué sa vie à la médecine et aux urgences » rappelle t-elle, ce qui l’avait conduit à devenir le porte drapeau de la lutte pour la survie du SMUR, en tant que délégué de l’AMUF (association des médecins urgentistes de France). Ce combat, c’est désormais celui de son épouse qui se dit « transformée » par cette épreuve, et « poussée par une force » qui la fera aller « jusqu’au bout ».
Aussi, pour que justice soit faite, mais surtout « pour que la vérité soit établie », elle envisage d’autres voies de recours pour qu’une nouvelle procédure soit diligentée. A ce propos, elle dit posséder des preuves écrites de faits qui n’ont pas été pris en compte. Cela risque de prendre à nouveau des années, mais qu’importe : pour elle rien d’autre ne compte, et Claire Loupiac se dit prête à s’allier à d’autres victimes du Covid contracté selon elle dans un hôpital ressemblant alors à un cluster… faute de moyens (masques) suffisants. Sollicité par Hebdo 39, le centre hospitalier de Lons a pour sa part émis un communiqué. Selon ce dernier, « L’enquête a ainsi permis de confirmer que lors des trois gardes réalisées par le docteur Loupiac entre le 1er et 15 mars 2020, « un protocole relatif à la prise en charge des cas suspects » et « conforme à l’état des savoirs » avait été mis en place « dès le 23 janvier » puis « renforcé » à deux reprises en février 2020.
L’hôpital ajoute par ailleurs, citant l’enquête, « que les moyens de protections étaient présents, disponibles et utilisés, et qu’aucun lien formel de contamination n’a été établi notamment avec les 42 patients pris en charge ».
Et de conclure en réaffirmant sa compassion avec la famille du Dr Loupiac.

La rédaction