Rubrique. Comme un lundi : Le temps qui court

0
357
Comme un lundi : Les lumières 2024

Faire l’amour à une femme endormie sous les yeux d’un mari qui a organisé la chose et qui prend des images pendant que ses « invités » prennent leur pied. Qui fait ça ? Qui peut s’adonner à cette pratique sans la question du consentement ? Nous sommes en 2024 et Gisèle Pélicot est propulsée à la une de la presse depuis l’ouverture du procès des viols de Mazan dans le Vaucluse. Son mari et 50 co-accusés (ceux qui ont été identifiés sur les vidéos, les autres courent toujours) comparaissent pour avoir abusé d’elle pendant dix ans, alors qu’elle était droguée. Elle n’était qu’un corps. Un corps à prendre. Quel bonheur de jouir dans une femme inconsciente, sans doute ! J’ai envie de vomir. Vous imaginez ? Le sexe en érection de l’homme pénètre la chair « sans vie », il s’agite pour éjaculer. Quelle misère traverse la vie de ces hommes ? Qu’est-ce qui déconne chez certains mecs ? Qu’ont-ils dans la tête ? Une bite à la place du cerveau a dit ma voisine. Ce sont des hommes ordinaires, des hommes bien, des hommes de grandes vertus sans doute dans des existences sans vagues, ils exercent les métiers de journaliste, infirmier, pompier, artisan, gardien de prison… Respect. La majorité des accusés sont venus une fois, dix plusieurs fois et, pour certains, jusqu’à six fois. Qu’ont-ils ressenti après ? Lorsque leur sexe a débandé et que les pulsations de l’excitation sont retombées ? Dans quel état de déni étaient-ils pour supporter ce qu’ils étaient à ce moment-là ? Car à ce moment-là, on n’est plus grand-chose. Je pense à Gisèle Pélicot, à son courage d’avoir refusé le huis clos pour témoigner publiquement, pour que cela n’arrive plus. Les preuves sont là, incontestables, ces hommes seront jugés. Ce n’est pas, comme dans la plupart des cas, la parole de l’accusé contre celle de la victime (94% des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite). Les victimes ! Celles de PPDA, Hulot, Depardieu, Miller et les autres attendent toujours. Combien de temps faudra-t-il encore pour que la honte change de camp comme le souhaite Gisèle Pélicot ? Pour que les violeurs qui courent encore assument leurs actes, pour que l’on « aide » les prochains à ne pas faire partie de cette trop longue lignée de salopards ? Combien de temps faudra-t-il pour que notre société entende la parole de toutes les victimes ?

Par Éric Genetet