Pêche : le salut viendra t-il du ciel ?

L’ouverture de la pêche à la truite le 12 mars préfigure une meilleure saison, si…

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La haute rivière d'Ain et la basse Bienne recèlent encore de superbes spécimens, pour qui sait s'y prendre. Crédit photo : Nicolas Germain.

« Depuis 2015, 2021 a été la première année où les rivières ont moins souffert » : pour Nicolas Germain, président de l’AAPPMA de Crotenay, l’été pluvieux connu l’an dernier a rimé avec été heureux pour de nombreux pêcheurs jurassiens. Des pêcheurs ces dernières années désespérés par canicules et étiages de plus en plus prononcés et mortifères pour les populations de truites autochtones.
Des propos circonstanciés par Mehdi El Bettah, responsable du pôle technique à la fédération de pêche du Jura : « Il faut au moins trois années successives arrosées pour que les géniteurs aient le temps de grandir et de se reproduire ».
Outre ces incidences hydrologiques, un facteur positif devrait aider les rivières à truites du Jura à mieux se porter : plusieurs opérateurs sont nés de la compétence « Gemapi » (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) transférée aux communautés de communes ou à leurs sous-traitants (syndicats de l’eau).

Des pêcheurs plus « capés »

Grâce à un impôt levé en parallèle de la taxe foncière, plusieurs projets sont dans les tuyaux ou dans les rivières : reméandrage, diversification des habitats pour la faune piscicole, suppression de seuils ou barrages préjudiciable à la circulation des poissons, etc. Sur ce dernier point d’ailleurs, la fédération de pêche alerte les familles : ne construisez plus de barrages en cailloux dans le lit des rivières ! (lire encadré). L’autre nouveauté vient des pêcheurs eux-mêmes : certains sont devenus des « hyper-spécialistes » de telle ou telle technique (en particulier les leurres souples artificiels), et leur niveau s’est beaucoup élevé (du fait peut-être des informations glanées sur internet).
« Cela devient donc plus compliqué pour les pêcheurs débutants ou moyens, face à des truites sauvages moins nombreuses et plus éduquées » souligne Nicolas Germain.
Autant donc pour eux se diriger à l’ouverture vers des truites de « remise », déversées peu avant le jour J dans des cours d’eau moins préservés…

La rédaction

Le vairon manié, redoutable aussi pour capturer de gros spécimens.

Trop de baigneurs et de barrages l’été

A l’instar de Nicolas Germain, beaucoup de pêcheurs deviennent des lanceurs d’alerte en cas de problème. Et comme le souligne le président de la société de pêche de Crotenay, « le tourisme a explosé depuis 2-3 ans dans le Jura…/…et le nombre de baigneurs a lui aussi explosé au bord des cours d’eau. Les accès aux lacs sont pour la plupart payants, seules les rivières restent gratuites ».
A tel point qu’il a constaté jusqu’à 100 à 150 baigneurs massés dans certains trous d’eau dans la rivière d’Ain à la faveur de chaudes journées. Avec à la clé crème solaire, détritus, piétinement des lits de rivières… et petits barrages de galets. Une activité apparemment bien innocente et prisée des enfants dont la multiplication peut « poser d’énormes soucis » selon Mehdi El Bettah.
Car non seulement les poissons se trouvent bloqués entre ces obstacles lorsque la température de l’eau augmente, mais les petites retenues crées en amont des édifices chauffent au soleil.
A bons entendeurs…

Un nouveau fléau nommé harle bièvre

Après les cormorans et leur appétit féroce, le harle bièvre. D’après Nicolas Germain, ce canard piscivore se nourrit de poissons juvéniles, mais contrairement au cormoran son tir n’est pas autorisé. Pourtant les deux cheptels de volatiles ne cessent de croître… au détriment des poissons.