Maison du Comté : pensée, charpentée, adoptée !

A Poligny, depuis le printemps 2021, l’ouverture de la nouvelle Maison du Comté fait l’évènement. Toutes les composantes de la filière du Comté y ont mis du cœur et de la passion pour lancer un pari sur l’avenir.

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L’ensemble des bâtiments de la Maison du Comté. Photo : Bérenger Lecourt.
L’ensemble des bâtiments de la Maison du Comté. Photo : Bérenger Lecourt.
Le hall d’entrée et la charpente, avec l’espace de la boutique au second plan. Photo : Stéphane Godin.
La scénographie conçue fait la part belle à l’interactivité. On y passe autant de temps que l’on veut. Photo : Stéphane Godin.

Comme si un immense chalet de Jeujura s’était posé là. Les jeux de construction en bois de l’entreprise de Saint-Germain en montagne ont peut-être inspiré les lieux. Nous sommes à Poligny, sur le site de l’ancien stade municipal qui accueille désormais la nouvelle Maison du Comté qui a quitté son antre de l’avenue de la Résistance.

Couleur zinc doré, mélèze naturel et gris chaud, trois bâtiments mitoyens affichent une nouvelle ère dans l’histoire fromagère du pays. Sur 3 000 m2, l’ensemble se partage en deux. D’abord l’espace consacré à la Maison du Comté proprement dite. L’autre partie accueille les services du Comité interprofessionnel de gestion du Comté, ainsi que ceux des AOP Mont d’or, Bleu de Gex Haut-Jura et Morbier, auxquels s’ajoutent ceux de l’Union régionale des fromages d’appellation comtois.

La Maison est ouverte au public depuis le 19 mai 2021. Un an après, la directrice Myriam Chevalier-Dole se réjouit : « Nous avons accueilli 36 000 personnes en une année malgré une période qui restait encore marquée par des restrictions liées au covid ce qui nous a privés des groupes d’enfants ou de seniors. Nous nous étions plutôt fixés un objectif de 20 000 ».

Dans son histoire, l’interprofession du comté avait rapidement admis l’intérêt de raconter la vie de la filière au public. Dans l’ancien bâtiment, qui appartenait à l’affineur Brun, des caves d’affinage offraient de l’espace. Un premier musée y était inauguré en 1986, en présence d’Edgar Faure. Le lieu connaît plusieurs évolutions, change son appellation de musée au profit de maison du Comté. Au début des années 2010, le lieu atteint ses limites, tout comme la partie administrative.

Visite en meule libre

Il aura fallu, grosso modo, le temps de maturation d’un comté de 36 mois pour aboutir en 2016 à une première sélection d’architectes. Au final, le choix se porte sur le projet très « charpenté » du cabinet Amiot-Lombard de Besançon. Un projet caractérisé par un trio de bâtiments et une charpente qui vaut à elle seule le déplacement. On y touche du bois. Par ailleurs, les dirigeants gardent la dénomination de maison, ne cédant pas à la mode des cités.

La visite s’ouvre avec un film d’animation de présentation générale. La visite est libre, on baguenaude comme les vaches au pré, ou presque. Pour faire un fromage, il faut d’abord du lait. On passe par le monde de l’élevage, cela se prolonge sur celui du travail du fromager et débouche naturellement sur l’affinage. Toucher, sentir, s’interroger, comprendre sont quelques-unes des mamelles de cette déambulation qui peut occuper une matinée ou un après-midi, bien adaptée aux familles. Toutes les possibilités de l’interactivité sont au rendez-vous avec quelques surprises comme une utilisation particulière de la vidéo qui donne une impression de troisième dimension.

Une dégustation commentée de comté vous attend à la sortie de l’espace muséographique. Cela permet d’affiner des aspects qui tisonnent la curiosité. Curiosité qui se prolongera peut-être aussi sur les Routes du Comté. Après la dégustation, l’épatante boutique vous attend, fourbie de plein de petites merveilles. Le dispositif se complète avec des capacités d’accueil pour des réunions, des séminaires et diverses possibilités événementielles.

L’interprofession du Comté a investi neuf millions d’euros dans ce projet d’envergure conçut avec beaucoup d’envie. Cette maison, c’est le fruit d’une longue histoire, notamment celle des dernières décennies – un peu les Trente glorieuses du comté qui en appellent d’autres. Ceci, alors que rien n’était gagné d’avance au début des années quatre-vingt. Il s’agit d’une réalisation d’envergure, avec de l’ambition, chose assez rare par ici. On notera que lors de l’annonce du projet on n’a pas vu les habituelles levées de bouclier pour défendre ceci ou cela. La meule est plus forte que le bouclier. On comparera évidemment avec un certain projet touristique sur les hauteurs de Poligny, tombé à l’eau, semble-t-il…
Jean-Claude Barbeaux

-Maison du Comté à Poligny, ouverture en continu en juillet et août de 9h30 à 18h30. Tarif adulte : 8,20€, différents tarifs adaptés.

Encadré

Pis alors ?

Photo : Stéphane Godin

Toute de bois sculpté, la statue de la vache posée à l’entrée de la muséographie à des atours de star. Sa création a mobilisé les meilleurs montbéliardologues pour approuver ses conformations – rappelons que les simmentals sont aussi autorisées. Elle a été conçue par la société Créaform, pèse 450 kg et a nécessité 1,5 m3 de bois.

Elle n’a pas été traite en une fois : 100 heures de création numérique (modélisation/numérisation 3D), 80  heures de programmation des commandes numériques, 450 heures d’usinage et 170 heures de finition. Comme elle est en bois, il n’est pas interdit de lui toucher les pis, ça portera sûrement bonheur !