L’invité de la semaine : Vincent Martin

Rencontre avec le président de la Fédération Régionale des Travaux Publics de Bourgogne Franche Comté. Une filière actuellement plongée dans un contexte d'approvisionnements problématique et incertain...

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Vincent Martin.

Vincent Martin, vous avez récemment rencontré les élus locaux. Qu’en est-il ressorti ?
Ces rencontres annuelles avec les conseillers départementaux sont importantes pour faire le point. Cette année plus encore après deux années de crise sanitaire et désormais une situation économique compliquée… Nous sommes donc satisfaits à l’issue de ce rendez-vous puisque les engagements sont maintenus en termes d’investissements, conformément à ce qui avait été annoncé, et ce malgré l’augmentation liée à la hausse des coûts des matières premières.

Une autre annonce vous rassure ?
En effet, le Département du Doubs maintient son soutien aux communes et communautés de communes via le dispositif Cap25, ce qui va permettre aussi à ces collectivités de confirmer leurs investissements donc pour nos entreprises cela a un effet multiplicateur important, pour l’économie donc pour l’emploi. On sait que 100€ d’aides à une commune ou communauté de communes entraine un investissement par celle-ci de 400 ou 500 euros donc là encore, le choix du Département est essentiel.
Nous demandons donc aux élus départementaux de relayer notre message auprès de leurs collègues élus locaux. A savoir ne pas reporter et différer des travaux publics prévus à cause de la hausse des matières premières. La commande publique représente 60% du volume d’affaires de nos entreprises. Ce serait donc une très mauvaise nouvelle pour l’emploi.

Une autre lueur d’espoir : les routes nationales ?
La Loi propose en effet un transfert de la gestion de ces routes aux départements. Ce serait une bonne nouvelle car plus les décisions sont prises au plus près du terrain mieux c’est pour la profession. On sort en effet d’une simple logique comptable pour parler aménagement du territoire et avenir des infrastructures routières.

Concernant les matières premières justement… quelle est la situation aujourd’hui ?
Nous pouvons nous approvisionner, le problème n’est pas là. Mais les surcoûts que nous subissons vont de 10 à 20% que ce soit sur le carburant ou le bitume dont on fait les enrobés. C’est quasiment impossible à répercuter sur la clientèle privée sinon on va faire face à des reports ou des annulations de chantiers. On essaie donc de discuter et de négocier la prise en charge partielle de ces augmentations.

Des entreprises de TP sont-elles en danger ?
La situation est clairement difficile après déjà deux années de crise sanitaire où l’économie a été placée sous perfusion. Ces nouveaux problèmes s’ajoutent au processus dans lequel se trouvent nos entreprises de remboursement des aides perçues. Donc l’impact pour les trésoreries est important et certaines TPE et PME risquent d’avoir de réelles difficultés dans les mois à venir.

Enfin, question recrutement, la situation s’améliore-t-elle ?
Les besoins sont là tant pour trouver des ouvriers sans compétences particulières que des personnes pour l’encadrement. On cherche du personnel qui veut se lever le matin et travailler ! Pour le reste, la formation, on s’en occupe. Mais c’est un vrai problème au niveau national, tous corps de métiers confondus. On ne parle pas ici de métiers pénibles ou de niveaux de salaires, des sujets où nos entreprises ont fait des efforts…
On a donc décidé de s’unir avec les collectivités en signant des conventions comme cela va être le cas avec le Département du Doubs. L’idée est de proposer un plan de reclassement à des bénéficiaires du RSA et de leur permettre un retour à l’emploi dans les travaux publics.