L’invité de la semaine : Richard Colardelle

A l'occasion de la sortie de la dernière enquête « Besoins en Main-d’œuvre (BMO) », rendue publique à Lons vendredi dernier, rencontre avec le directeur territorial délégué Jura-Haute-Saône de Pole Emploi.

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Richard Colardelle, pourquoi cette enquête « Besoins en Main-d’œuvre (BMO) » ?
Chaque année, nous interrogeons les entreprises sur leurs intentions d’embauche.
Ce qui permet de mesurer comment les entreprises vont vouloir recruter dans l’année qui vient, quels profils elles souhaitent embaucher, et aussi d’évaluer où peut se situer la difficulté de recrutement.
Les années 2021 et 2022 ont été deux années très particulières.
2021 en sortie de Covid, avec une remarquable embellie des intentions d’embauches. Cela se traduit en terme d’offres. Il semblerait que 2022 parte dans la même direction avec beaucoup d’intentions d’embauches, dont la plupart se transforment en recrutements.
Il y a aussi un gros travail à faire au niveau des entreprises en matière de sourcing de profits, de formation, et d’adaptation des demandeurs d’emploi aux postes que proposent les entreprises.

La crise sanitaire ne fausserait-elle pas les statistiques, habituellement recueillies lors d’une année « normale » ?
Effectivement, on aurait pu craindre qu’en 2021 ce soit le cas. L’année a été si particulière pour l’ensemble du secteur économique français… Mais dès le premier trimestre de 2022, là encore, on remarque une forte hausse des intentions d’embauches dans le Jura. Idem dans les départements voisins. L’embellie se confirme. La fenêtre de tir pour recruter concernant les entreprises et concernant les demandeurs d’emploi, pour trouver un avenir professionnel, est là et bien là !

Dans le Jura, quelles sont les filières qui ont pour projet d’embaucher cette année ?
Un peu comme dans la région voire sur le plan national, on a une forte demande concernant les métiers du bâtiment, les métiers du sanitaire, de l’aide à la personne, et de l’hôtellerie ou restauration.
Plus localement, on remarque aussi une demande des métiers liés à la santé, notamment les professionnels de santé. Des profils dont manque apparemment le département.

Ces projets d’embauche vont-ils se réaliser dans le courant de l’année ?
On l’espère, on va tout faire pour.
Le Jura a une particularité avec un taux de chômage très faible de 4,9%.
Ce peut être un handicap, car il y a moins de profils et moins de ressources pour rejoindre les offres d’emploi que nous proposons.
Ce qui ne nous empêche pas de faire le travail de fond : projets de formation, d’adaptation, d’opérer à une ingénierie de recrutement en commun. Ce à quoi nous allons nous attacher en 2022. Au plus près des entreprises, au plus près des demandeurs d’emploi, pour faire coexister les besoins des autres avec les envies des uns.

Le Jura se retrouve donc avec bon nombre d’offres d’emploi, un taux de chômage faible, et pourtant beaucoup de filières qui n’arrivent pas à recruter…  Comment expliquer cette situation ?
Il y a en effet plusieurs raisons à cela.
L’aspect formation d’abord. Le retournement a été tellement brutal que certaines entreprises n’ont pas pu anticiper leurs besoins.
L’aspect mobilité également, on a des ressources à un endroit mais ça ne correspond pas aux offres qui sont proposées. On rencontre par ailleurs certains déficits de notoriété, il faut inciter les entreprises à faire connaitre ce qu’elles font, faire connaître leur métier.
On ne se le cache pas, il y a aussi un problème de rémunération… Un demandeur d’emploi qualifié, autonome, peut avoir plusieurs options possibles. Il fera donc son choix en fonction d’éléments liés à la rémunération.

Il appartient donc aujourd’hui aux entreprises de devoir faire plus d’efforts pour arriver à recruter ?
En tous cas il faut qu’elles s’intéressent au sujet en pleine conscience, avec une rénovation dans leur façon de recruter, être plus sensibles à certains publics…
Mais effectivement, les paramètres se sont un peu inversés, le demandeur d’emploi a plus l’avantage de précédemment.

Propos recueillis en partenariat avec RCF Jura.

 

De gauche à droite, Caroline Gaubey, conseillère entreprises au Pôle Emploi de Lons-le-Saunier, Richard Colardelle et Christine Cochet, directrice adjointe Pôle Emploi Lons-le-Saunier/Champagnole.