L’euro en chute libre dope l’inflation

La monnaie unique a perdu plus de 12% de sa valeur en quelques mois face à d'autres devises, ce qui renforce la perte de pouvoir d'achat pour les ménages et les entreprises. Quelles conséquences pour les français et quelles stratégies éventuelles pour s'en sortir ?

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Malgré sa jeunesse, l’euro ne paie plus, ou plutôt il paie mal. Lancée en grande pompe le 1er janvier 2002, la monnaie unique a vu sa valeur s’effriter considérablement 20 ans plus tard. Depuis le 1er janvier 2022, il a perdu près de 12% de sa valeur face au dollar américain, et environ 7% de sa valeur face au franc suisse. Certes ces deux devises émargent au rayon des « valeurs refuges », très prisées depuis la guerre d’Ukraine, mais comment expliquer une telle déculottée ? Le premier élément de réponse tient dans l’attitude des banques centrales, celles-là mêmes dont les principaux mandats consistent à limiter le chômage et l’inflation. Et après avoir longuement, très longuement affirmé le caractère « transitoire » de l’inflation, la banque centrale américaine (FED) a bien été obligée de reconnaître les 8,5% d’inflation annualisés (dernier chiffre connu), et de prendre le taureau par les cornes. A savoir dégainer sa principale arme, la hausse de ses taux directeurs, destinés à renchérir le coût général de l’argent, donc à rendre le crédit moins accessible, ce qui entraîne (avec un long temps de latence) un ralentissement de l’économie et donc de l’inflation. Et la FED n’y est pas allée de main morte avec plus de 2,15 points de relèvement de taux depuis la mi mars 2022, dopant aussi la force du dollar, mieux rémunéré que l’euro par exemple.

Bientôt un dollar pour un euro ?

Car que s’est il passé en Europe durant ce changement de cap radical ? Pas grand-chose : malgré les déclarations de Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, seulement 0,5 point de hausse des taux directeurs a pour l’instant été actée fin juillet, affaiblissant de facto notre monnaie commune. Il faut dire que le contexte géopolitique diffère du tout au tout des deux côtés de l’Atlantique : la guerre en Ukraine à nos portes pèse lourdement sur nos économies, à la fois par ses incertitudes et son climat d’instabilité, mais aussi par ses coûts induits… Au premier rang desquels figure le choc énergétique (qu’il soit gazier ou pétrolier) qui nous sonne avant même l’arrivée de l’hiver. Mais plutôt que de subir, comment agir pour limiter les dégâts, que l’on soit particulier ou professionnel ? La principale parade consiste à changer ses liquidités dans des devises fortes, à savoir le franc suisse et le dollar américain. Une faculté plus ou moins facile selon son degré de compétence ou ses possibilités financières, juridiques ou techniques, mais qui en ces temps d’inflation galopante vaut sérieusement la peine de s’y pencher… Car le spectre de la parité approche, et il est possible que l’euro chute à terme sous la barre symbolique de un euro pour un dollar. Une situation exceptionnelle qui ne devrait pas durer éternellement, mais en attendant….

La rédaction

L’impact pour les ménages 

Un euro faible rend le coût de la vie plus cher, et ne présente guère d’avantages pour les particuliers. En effet, il renchérit le coût de tous les produits importés : hausse du prix de l’essence, du diesel et du fioul. Même punition pour les matières premières, des produits manufacturés ou alimentaires, etc. Une partie de l’inflation que nous subissons actuellement est mécaniquement dû à la faiblesse de notre monnaie, il ne faut pas l’oublier.

L’impact pour les entreprises

L’euro faible fait le miel des entreprises exportatrices puisque leurs produits et leurs services se monnaient bien moins chères que ceux vendus en dollars, comme Airbus par exemple : l’avionneur paie et emploie ses collaborateurs en euros mais exporte ses avions en dollars. A contrario, les entreprises importatrices mangent leur pain noir, et Dieu sait qu’il y en a en France… Les grandes entreprises sont également couvertes contre les risques de change en général, à contrario des PME qui trinquent.