Edito. 50 milliards de mille sabords !

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« Au voleur ! Au voleur ! A l’assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent.
Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? n’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. (À lui-même, se prenant par le bras.)
Rends-moi mon argent, coquin… Ah ! c’est moi ! Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas, mon pauvre argent ! Mon pauvre argent ! Mon cher ami ! On m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie : tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde. Sans toi, il m’est impossible de vivre ».
Molière aurait-il été frappé d’une vision prophétique en écrivant le célèbre monologue d’Harpagon ? Monologue qui, force est de le reconnaitre, affiche bon nombre de similitudes avec l’attitude de Bruno Le Maire qui ne parvient à s’expliquer, devant la commission d’enquête de l’Assemblée, comment 50 milliards ont soudainement disparu des actifs de l’État…
Alors, qui a volé la cassette ? Qui a provoqué ce dérapage budgétaire ?
Pour être tout à fait exact, il ne s’agit pas ici, comme dans L’Avare (merci à Bernard Cabiron de nous l’avoir fait étudier en troisième…), de la disparition d’un trésor (public), mais de l’apparition soudaine d’un déficit qui était initialement annoncé à 5,1% du PIB alors qu’en réalité il dépassera les 6%. Soit un manque à gagner, un trou, pour ne pas dire un précipice, de plus de 50 milliards d’euros !
En coulisses, il se murmure que Bruno Le Maire aurait plaidé pour un projet de loi de finances rectificative en mars, mais qui fut refusé par Matignon et par l’Élysée. Et pour cause : les élections européennes approchaient…
De là à penser que le bilan comptable de notre ancien ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique est aussi brillant que son bilan politique…
D’ailleurs son plus récent livre s’intitule « La Voie Française ». Serait-elle devenue soudainement sans issue ?
Pour l’heure, impossible de répondre à cette épineuse question.
En guise de conclusion, Molière livre sa petite idée :
« Allons, vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences, et des bourreaux ! Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après ».
En attendant, de nouveaux impôts se préparent…