Vers la fin du bouclier tarifaire ?

La chute des prix du gaz sur les marchés de gros pourrait inciter le gouvernement à lever le blocage des prix. Le point également sur l'électricité et le pétrole.

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Donné…ou presque ! Depuis des mois, jamais le prix du gaz sur les marchés de gros n’a enfoncé de tels planchers. C’est le constat que chacun peut faire en suivant la courbe de l’indice TTF Rotterdam, et c’est celui qu’a dressé fin mars la commission de régulation de l’énergie (CRE). D’après elle, le prix du gaz coûtera bientôt moins que le tarif officiellement instauré par l’État (pour toute l’année 2023).

Conséquence très appréciable pour les finances publiques : le même État ne sera plus obligé de mettre au pot pour compenser la différence entre des achats de gaz au prix fort, et sa revente aux particuliers (et certaines entreprises) à prix réduit (mais quand même en hausse de 15% en janvier dernier). De quoi réjouir les grands argentiers si la situation perdure, car pas moins de 6,7 milliards d’euros ont été nécessaires pour déployer le bouclier fiscal en 2022, ainsi que près de 11,6 milliards en 2023 (pour le seul gaz).

Si on pousse le raisonnement plus loin, on peut même se dire que l’État pourrait faire un bénéfice en laissant en place un tarif réglementé plus élevé que les cours du gaz, puisqu’il aurait cette fois de l’argent à empocher plutôt qu’à dépenser. Et ce seraient donc les particuliers et certaines entreprises qui rembourseraient aux finances publiques, les faveurs attribuées jusque là…

Juste retour des choses ? A chacun d’en juger… Comme le disait Kennedy : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais ce que tu peux faire pour ton pays ». Une considération pas très politiquement correcte de notre côté de l’Atlantique, surtout en pleine réforme des retraites. C’est pourquoi, une autre solution serait envisagée : mettre fin au bouclier tarifaire sur le gaz à horizon du mois de juillet 2023. Une dernière hypothèse réside dans le maintien du bouclier…au cas où les prix de gros repartent à la hausse. La sécurité, prétexte rêvé pour temporiser, diraient de mauvaises langues…

Dans un tout autre registre, le bouclier énergétique concernant l’électricité serait lui maintenu. En effet, les prix de gros restent élevés et justifient une protection étatique. Pas moins de 34,5 milliards d’euros sont budgétés en ce sens pour l’année 2023, et la facture pour 2022, dévoilée récemment, se monte à la coquette somme de 18,3 milliards d’euros.

La rédaction

Et le pétrole dans tout ça ?

Dans la même dynamique, il faut aussi souligner que les prix du baril de pétrole ont beaucoup chuté depuis les pics connus au début de la guerre en Ukraine. Mais bizarrement les prix à la pompe restent élevés. En vertu de l’embargo décidé par l’Europe sur le pétrole russe depuis le 5 février dernier, nous achetons désormais nos barils à l’Inde ou à des pays du Moyen-Orient… qui les achètent eux-mêmes à la Russie !

Des intermédiaires de plus, donc des ponctions supplémentaires sur le prix initial (avec un rabais pour l’Inde et le Moyen-Orient, et un surcoût pour l’Europe). Selon la banque de France, il faut environ 3 semaines pour qu’une baisse des prix de gros se répercute dans votre réservoir (le temps que les stocks soient épuisés et donc renouvelés). A suivre de près donc…