J’ai une très mauvaise nouvelle… Cette année encore, comme chaque année depuis une quinzaine d’années, on nous annonce dans un chant de flonflons (2) qu’enfin des mesures sont prises pour faire cesser les appels téléphoniques qui nous importunent à longueur de temps.
L’idée serait louable si elle n’était pas tête de gondole d’un foutage de gueule institutionnalisé (3).
On nous rassure tout de suite. Les appels ne cesseront qu’en août 2026 « pour laisser le temps aux entreprises de s’organiser » (4). Et il y a un bémol dans la salade : ça ne concerne que les appels produits en France pour les aides de l’État et les changements d’opérateurs et « ça n’empêchera pas les appels venus de l’étranger »…
J’ai étudié sur un mappemonde que j’ai trouvée à un bon prix aux Puces de Briod. La France est toute petite. Je ne dis pas ça par méchanceté mais c’est un fait ! Dès que vous passez la frontière vous êtes à l’étranger. Nous ne sommes en France que 68,6 millions d’habitants. C’est d’ailleurs pour ça que vous pouvez aller, la nuit, de Châtel-de-Joux à Étival sans rencontrer quiconque. Alors qu’à l’étranger les gens se bousculent à Taïwan comme à Manhattan. Ils sont plus de huit milliards et tous pourrons continuer de nous harceler impunément plusieurs fois par jour.
D’après la loi qu’on nous promet, les téléphoneurs abusifs devraient, nous dit-on, être punis de 75 000 à 350 000 euros d’amende et 5 ans de prison. On n’en croit pas un mot. Et on doute même qu’ils soient privés de piscine ou qu’ils soient contraints de finir leurs épinards (5).
Attendons-nous à recevoir ces appels de plus en plus souvent. C’est d’autant plus facile que ce sont maintenant des robots qui débitent un texte mis en onde par l’intelligence artificielle. C’est qu’il va falloir mettre le paquet avant que la loi tant promise ne nous vienne jamais en aide.
Notes pour y voir plus clair :
(1)- La pulpeuse Nabila est une héroïne incontournable de notre téléréalité. En mars 2013 elle a révélé son fameux « Non ! Mais allo quoi ! » désormais protégé, après avoir été déposé à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Cette expression a aussitôt fait le buzz et a provoqué une célébrité instantanée pour la franco-helvèto-algérienne. Alors que si peu de gens connaissent Stephen Hawking.
(2)- Le flonflon date de 1680. Il est devenu pluriel en 1872 pour désigner les accords bruyants d’une chanson populaire. Le flonflon était utilisé pour meubler les temps morts d’une chanson et à ce titre il est l’ancêtre du la-la-laire.
(3)- Alexander Graham Bell est officiellement reconnu comme l’inventeur du téléphone dont il a déposé le brevet le 7 mars 1876. Le 10 mars, il téléphone à son assistant : « Mr. Watson, come here, I want to see you ! ». Et les ennuis commencent. La même année Bell présente son invention à Rutherford B. Hayes, dix-neuvième président des États-Unis qui déclare : « c’est une invention extraordinaire, mais qui voudrait s’en servir ? ». Il y a aujourd’hui autant de téléphones que d’habitants sur la planète !
Ça n’est pas la seule bévue émise à l’annonce d’une invention qui allait profondément impacter l’humanité.
En 1878, un journaliste du New York Times qui vient d’assister à la naissance de la lumière dans une ampoule électrique déclare : je puis dire que cette lumière est bien trop faible pour remplacer le gaz.
En 1903, année fertile, le président de la Michigan Savings Bank conseille Henry Ford : « l’automobile n’est qu’une mode passagère, le cheval est là pour durer ».
(4)- Soyons compréhensifs. Faire cesser de me téléphoner qui veut me vendre des services dont je n’ai que faire est d’une brutalité sans nom et ne peux se faire du jour au lendemain. Cette révolution sociétale nécessite une reconversion des téléphoneurs intempestifs. Or il se trouve qu’ils n’ont pas que ça à faire de se reconvertir. Il faut aussi qu’ils surveillent la météo pour qu’ils sachent s’ils auront besoin d’un parapluie. On comprend qu’un délai de 15 mois est nécessaire. C’est même un peu juste mais il faut faire preuve de fermeté pour satisfaire les votants.
(5)- C’est une loi qui s’impose à tous. Chaque fois que l’on entend dans nos journaux télévisés qu’un délinquant « risque une amende maximum de … et un emprisonnement de… », après avoir étouffé vos rires, sortez les travaux d’intérêt général avec sursis et passez sur une chaine plus sérieuse comme Equidia, Melody ou Eurosport.
