Le remède miracle pour surmonter la crise covidienne survivra t-il à la probable récession à venir ? Dans de nombreuses TPE (Très Petites Entreprises), qui ont souscrit 90% des prêts garantis par l’État, on commence à sourciller. Tout le dispositif avait en effet été conçu à l’image comme une bouée de sauvetage permettant de survivre face à un choc inédit…
Mission accomplie pour l’acte I mais qu’en sera t-il pour encaisser derrière un deuxième knock-out ? Si la reprise a bien boosté l’activité et rempli les carnets de commande, l’extrêmement prude Banque de France a commencé à évoquer une potentielle « récession limitée » pour l’année 2023. La guerre en Ukraine est en effet passée par là, ainsi que ses conséquences destructrices massives, à commencer par la flambée des énergies et une inflation généralisée. Quoi qu’il en soit, le temps d’honorer ses créances est venu depuis le printemps pour quelques 300.000 bénéficiaires d’un PGE. Après un report d’un an accordé par l’État, ils ont désormais quatre ans pour solder leurs comptes.
5% de défauts : un chiffre sous-évalué ?
Face à un environnement extrêmement volatil et insaisissable, les entreprises qui le pouvaient ont d’ailleurs préféré prioriser leurs remboursements à leurs investissements. Et selon la Banque de France, le taux de défaut annoncé depuis l’origine du dispositif tourne autour de 4 à 5%, un niveau extrêmement rassurant. Mais au-delà de ce vernis, et pour anticiper des lendemains difficiles, la CPME a demandé au gouvernement de repousser encore les échéances jusqu’à un délai de dix ans. Inacceptable selon celui-ci, car l’Union Européenne ne manquerait pas de sanctionner ces distorsions à la libre concurrence. Par ailleurs, un filet de sécurité existe bel et bien pour les PGE inférieurs à un montant de 50.000 € : saisir la médiation du crédit, une solution qui pour l’instant fait flop (seulement 450 saisines sur les quelques 300.000 prêts en train d’être remboursés). Il faut dire qu’être fiché en défaut de paiement n’enchante pas les dirigeants, qui savent que cela les exclurait de tout autre prêt bancaire…
Au final, une épée de Damoclès, une de plus, pèse donc sur les TPE franc-comtoises et français. Un risque systémique qu’il faudra suivre de près ces prochains mois…
La rédaction
Le prêt « Ukraine » quelque peu boudé
Après le PGE anti-Covid, l’État a lancé en avril dernier un prêt dit de « résilience » destiné à contrer les effets économiques délétères de la guerre en Ukraine. Alors qu’il est possible d’y souscrire jusqu’au 31 décembre à hauteur de 15% du chiffre d’affaires (qui se cumule aux 25% de chiffre d’affaires des PGE pour atteindre donc 40%), on ne se bouscule pas trop au portillon pour l’instant. Par ailleurs, pour certains économistes, le soutien de l’État permet à des entreprises « zombies » insolvables et non rentables de perdurer à tort. On saura d’ici quelques mois qui a raison et qui a tort…