L’invité de la semaine. Le colonel Olivier, directeur du SDIS Jura

Dans un département où les maisons rurales côtoient les habitations rénovées et les installations modernisées, l’hiver met toutes les formes de chauffage à l’épreuve. Le SDIS du Jura en est le premier observateur, et son directeur, le colonel Olivier, en rappelle les règles essentielles avec pragmatisme.

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Jura feu cheminée risque
Le colonel Philippe Olivier.

Pourquoi c’est un vrai sujet dans le Jura, les feux de cheminée ?

Parce que c’est un département forestier où le bois est traditionnellement un moyen de chauffage. Plus il fait froid et plus la période de froid dure, plus le risque est important. On a des feux de cheminée de façon régulière. Ce n’est pas complexe à éteindre, mais ça peut faire de vrais dégâts.

Pourquoi surviennent-ils ?

Souvent, c’est un problème d’entretien du conduit ou de ramonage. Parfois, c’est l’évolution du mode de chauffage : on remplace un foyer ouvert par un insert, et la réaction calorifique n’est plus la même. Si la cheminée n’est pas adaptée ou si elle n’a pas été installée par un professionnel, le risque augmente. Et quand on chauffe longtemps, il faut entretenir davantage : certains chauffent neuf mois de l’année.

Vous dites que certains feux peuvent démarrer même avec de bonnes pratiques…

Même avec des bonnes pratiques, il y a des risques. On voit des gens qui entretiennent très bien leur cheminée… et qui aspirent des cendres encore chaudes. Et là, ils peuvent déclencher un feu. Ce qui n’est pas détruit par les flammes l’est par les fumées. Un feu, ça va très vite : on est plus dans l’ordre de la seconde que de la minute.

Notamment, avec l’essor du bricolage, voyez-vous plus de sinistres liés à l’électricité ?

Oui. On a banalisé le tuto. Une installation électrique mal faite peut provoquer un feu. Une multiprise de mauvaise qualité aussi : plusieurs appareils qui tirent sur un même câble, ça chauffe, ça brûle. Ce sont des métiers.

À l’approche de l’hiver, quels conseils souhaitez-vous rappeler ?

Qu’il faut brûler du bon bois sec, non traité. Qu’il ne faut pas stocker le combustible trop près de la cheminée. Ainsi, qu’il faut entretenir les appareils de chauffage, quels qu’ils soient. Le radiateur électrique, par exemple : on ne le couvre pas, même “juste pour sécher un vêtement”. Pour les chauffages d’appoint à bain d’huile, c’est le même principe : ce sont des appareils faits pour un usage ponctuel.

Comment réagir lorsqu’un feu de cheminée démarre chez soi ?

La règle première est de couper le tirage. Sur les conduits, vous avez une clé de tirage. Dans un sens, vous ouvrez l’air ; dans l’autre, vous le fermez. Pour éteindre un feu, il faut diminuer la présence d’air : on l’étouffe. Il faut fermer les portes et sortir. Ne pas déplacer les bûches, ne pas les mettre ailleurs, ne pas déplacer le risque.

Même en cas de doute, même sans flammes visibles ?

Il faut composer le 18. Même pour une odeur, un doute, une anomalie. Nous ferons la levée de doute. Tous nos sacs de secours sont équipés de détecteurs de monoxyde de carbone. S’il sonne, on sécurise. On rappelle les règles. Et on laisse un document pour que les gens aient les bonnes pratiques après notre départ.