L’invité de la semaine : Christian Dubois

Rencontre avec le délégué général de FIBOIS Bourgogne-Franche-Comté dont la filière est confrontée à de multiples défis, à commencer par les conséquences de la crise des énergies qui créée une tension sur son marché. Le réchauffement climatique est également au cœur des préoccupations.

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Christian Dubois.

Christian Dubois comment se porte la filière bois en termes d’emploi et de formation ?
Nous avons aujourd’hui plus de 200 offres d’emploi non pourvues dans la région pour l’ensemble de la filière bois. Il y a notamment des besoins dans le secteur du bois énergie et de la construction mais aussi en amont c’est-à-dire dans les travaux de sylviculture ainsi que dans les scieries. Pour ces dernières, il est important de remettre en place une formation qui aujourd’hui n’existe plus. Nous devons davantage nous adapter aux besoins des entreprises. Un diagnostic est en cours pour que nous puissions répondre en termes de formation et d’emploi en travaillant aussi sur l’attractivité de nos métiers. Le label campus des métiers et des qualifications d’excellence  que nous venons d’obtenir est un outil qui va dans ce sens.

Le bois est-il en crise dans le secteur de la construction ?
Nous avons depuis quelques mois des inquiétudes pour cette branche de notre filière. L’augmentation des couts des différents matériaux de construction et le durcissement des banques pour accorder des prêts ont fait chuter le nombre de permis de construire et donc de chantier de particuliers. A cela s’est ajoutée une baisse d’activité aussi sur les marchés publics. Les collectivités locales, elles aussi touchées par la hausse des prix des énergies, ont ralenti leurs investissements. Nous sommes donc attentifs aux annonces gouvernementales qui espérons-le vont assouplir les exigences des banques et permettre à un plus grand nombre de projets de voir le jour et donc à nos entreprises de travailler.

En insistant sur les circuits courts ?
La volonté aujourd’hui est de travailler de plus en plus avec du bois local. Inutile d’aller chercher à l’autre bout de la France ou à l’étranger quand on a ce qu’il faut sur place. Nous avons donc mis en place des chartes avec notamment les propriétaires forestiers publics ou privés, les scieurs, les constructeurs et les architectes : documents dans lesquels les membres de la filière s’engagent à utiliser la ressource locale pour s’approvisionner. Ces choix ont aujourd’hui un sens non seulement économiquement mais aussi écologiquement avec, de fait, moins de transports et une empreinte carbone plus raisonnable.

Qu’en est-il du bois énergie ?
Avec la hausse importante des prix du gaz et de l’électricité on a constaté un net regain d’intérêt pour le bois et donc à une explosion de la demande. C’est vrai avec le bois buche et bien sûr avec les granulés dont les prix ont flambé suite à une sur-demande due pas seulement à la multiplication du nombre de vente de poêles mais en l’occurrence à du stockage par crainte de pénurie voire de la spéculation. Les choses rentrent heureusement dans l’ordre. On assiste aussi à une tension sur le marché des produits connexes de scierie qui peuvent avoir plusieurs destinations possibles avec une demande supérieure à l’offre sur certains types de produits.

Parlons climat… quelle est la situation dans les forêts ?
L’état de nos forêts est une grosse inquiétude pour toute la filière bois et pour les forestiers en particulier qui subissent les sécheresses à répétition et plus généralement les conséquences du réchauffement climatique. Beaucoup d’arbres se trouvent fragilisés donc la moindre attaque de scolytes par exemple pour les épicéas leur est fatale. On le constatait auparavant dans les zones de plaines et sur les premiers plateaux mais le phénomène existe aussi désormais au-delà de 1000 mètres. Les sapins qui ont besoin d’humidité subissent eux aussi un dépérissement et des problèmes sont aussi visibles pour les hêtres.

Comment agissez-vous face à cette situation ?
Nous avons mis en place un groupe de travail pour adapter nos forêts à ces changements climatiques. Des expérimentations sont faites par des groupes de chercheurs, l’ONF et le CNPF pour voir comment évolueraient de nouvelles espèces dans la région. Certes les étés sont plus chauds mais il faut aussi résister aux températures très basses de l’hiver. Il est certain que dans les années à venir nos forêts évolueront donc avec elles les modes de sylviculture. Cela aura un impact sur tout le reste de la filière qui travaillera d’autres bois et devra donc aussi adapter ses outils de transformation.
La réflexion existe donc et elle est globale.