La canicule a bousculé le calendrier des vignerons

Il y a une dizaine de jours, les professionnels suggéraient de ne pas se précipiter pour démarrer les vendanges.

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La canicule de la deuxième partie du mois d’août, tardive, a eu des effets sur la maturité, avec des constats jusqu’à + 2° en une semaine sur des parcelles, « du jamais vu dans le Jura ».

Les vignerons se sont réunis il y a dix jours pour une réunion pré-vendanges. « Tout s’accélère, nous devons anticiper et surtout être prêts », annonçait tout de go la présidente de la Société de viticulture du Jura, Valérie Closset.

Selon les professionnels et elle, le millésime 2023 a été « compliqué et usant ». « Nous avons eu le bonheur que la végétation ait poussé lentement. Il y a eu une pression forte et tardive du mildiou et de l’oïdium. » La canicule de la deuxième partie du mois d’août, tardive, a eu des effets sur la maturité, avec des constats jusqu’à + 2° en une semaine sur des parcelles, « du jamais vu dans le Jura ». Et les raisins se sont retrouvés attaqués par insectes, blaireaux… qui avaient soif.

« Dans le contexte du changement climatique, la profession viticole est en première ligne. Vigneron en 2023 dans le Jura a été un métier de tension continue, concluait Valérie Closset. Il fallait être prêt à tout et tout le temps. Produire est devenu un stress, et vendanger va devenir un vrai miracle ! En effet, comparativement à d’autres régions viticoles, nous n’avons pas eu le gel, ni la grêle, ni une pression sanitaire trop forte ; nous nous sommes battus pour notre vendange 2023 et bonne nouvelle : nous sommes prêts au miracle ! »

Il y a aussi d’autres points positifs.. Echaudage relativement limité, oïdium très présent mais intensité rarement élevée… Il faudra être vigilant ce printemps à ne pas être dépassés par les attaques d’acariose.

Suite à ses analyses, le technicien du Laboratoire départemental d’analyse regrettait « les teneurs en azote encore pas optimales cette année » et « quelques foyers de pourriture à surveiller ».

« On subit de plein fouet le changement climatique qui force à trouver de nouvelles solutions », intervenait de son côté Jean Bénigne Lalarme pour Oenojura. Nouvelles souches de levure, réflexion majeure sur l’acidité, températures et en particulier le froid à maîtriser, SO2 pour amoindrir les risques majeurs de piqures lactiques, étaient conseillés… Une analyse de la flore bactérienne et levurienne va être menée.

 

Du raisin et des hommes

Le raisin est un produit naturel mais le vin ne l’est pas ! Et pour le faire, malgré les difficultés de recrutement, inutile de penser passer par des bénévoles. « En agriculture, cela n’existe pas, a rappelé Jennifer Renaut du CER France. L’entraide familiale et entre viticulteurs est tolérée. »

Embauche de mineurs, prestataires de services au niveau international… ont fait partie des sujets abordés, ainsi que la dérogation de vendanges qui permet, suivant les métiers, de travailler jusqu’à 60, voire 66 heures par semaine. « Si on ne reçoit pas de dérogation, c’est que vous n’avez pas besoin d’aller au-delà de 48 heures. Si j’en reçois cinq dans mon service chaque année, c’est le bout du monde ! Pensez à envoyer vos bilans avant le 31 décembre », a conseillé Guilène Aillard, inspectrice du travail, rappelant également que le repos quotidien doit être de onze heures consécutives minimum et le temps de travail de douze heures maximum par jour.

 Bonnes nouvelles de l’Assemblée nationale

Si le gouvernement a envisagé d’augmenter les taxes prélevées sur les boissons alcoolisées dans le cadre du budget 2024 de la Sécurité sociale, la députée Danielle Brulebois a rappelé que le projet est abandonné. Les exonérations patronales pour l’emploi de travailleurs occasionnels agricoles (dispositif TO-DE) est prolongé jusqu’au 31 décembre 2025. Deux appels à projet sont en cours, l’un pour protéger les cultures contre le gel et la grêle, l’autre pour investir dans du matériel œnologique.