Quand il commence à couvrir le ski nordique pour Vosges-Matin, Stéphane Magnoux part “d’une page blanche“. Le hasard d’un service réorganisé lui met entre les mains un domaine qu’il ne connaît pas encore. Très vite pourtant, le jeune journaliste s’attache à cet univers “de gens super attachants” et voit éclore toute une génération : les frères Claude, Delphine Claudel ou encore Adrien Backscheider. “J’ai eu la chance de voir l’émergence de tous ces gens-là“, se souvient-il.
Un projet impossible à refuser
Après dix ans à suivre le nordique, il quitte le quotidien vosgien et s’installe comme indépendant. C’est alors qu’un appel change tout : celui de Franck Lacroix, fondateur des éditions du Jura. L’éditeur cherche quelqu’un pour raconter un siècle de biathlon olympique. “C’est le genre de projet que tu ne peux pas refuser”, admet-il.
D’autant que la maison d’édition lui offre un cadre idéal : “Je me concentrais vraiment sur ma partie : me documenter et écrire. Je n’avais pas à assurer la recherche iconographique, la mise en page, ou la promo. J’étais limite dans des chaussons“.
Mais le chantier est immense. Le biathlon aux Jeux remonte à 1924, et si Stéphane maîtrise les décennies récentes, il reconnaît être parti “vraiment de zéro” pour les débuts : noms oubliés, méthodes d’entraînement improbables, archives poussiéreuses… Il découvre ainsi Magnar Solberg, premier champion olympique norvégien, entraîné à tirer… sur une fourmilière pour apprendre à garder ses nerfs. “C’est énorme comme histoire“, souffle-t-il.
Écrire un récit, pas une encyclopédie
Le livre suit un fil chronologique, édition olympique après édition. Il veut raconter un sport en mouvement, mais aussi le monde autour : domination soviétique, rivalité Est-Ouest, montée en puissance norvégienne, structuration de l’école française. “Dans le palmarès du biathlon, tu as l’histoire du monde qui se dessine“, observe-t-il.
Et certaines trajectoires l’ont marqué. Celle, par exemple, de Raphaël Poirée, quadruple vainqueur du gros globe et multiple champion du monde, mais jamais titré aux Jeux : “Pour certains, les Jeux restent une blessure dans la carrière“.
Au fil des mois, l’écriture prend toute la place, sans jamais permettre d’abandonner ses autres piges. Un rythme soutenu, jusqu’à la dernière relecture à l’été. Le soulagement ? Pas vraiment. “Tu es tellement immergé dans le truc que tu ne te rends pas compte. C’est seulement quand j’ai eu le bouquin en main que je me suis dit : on a fait ça.“
Aujourd’hui, alors que la saison démarre et que les Jeux de Milan-Cortina approchent, l’auteur espère que son travail trouvera sa place chez les passionnés. “J’espère que c’est un livre que les gens aimeront garder longtemps”, glisse-t-il. Comme un témoin d’un siècle de glisse, de cibles et de destins olympiques.


























