Jura : de conséquents blocages qui risquent de durer…

Comme un peu partout en France, le Jura entre dans une phase de vive contestation face à la réforme des retraites et voit sur son territoire à Dole, comme à Lons, plusieurs ronds-points stratégiques bloqués, avec pour objectif de "ralentir l'économie et de frapper le patronat et les dirigeants politiques, là où ça leur fait mal"...

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Comme dans de nombreux autres, sur l'ensemble du département, l'occupation des ronds-points de Parcey, Innovia et des Epenottes, a débuté ce matin et se poursuivra encore demain. Au minimum...

« Le mépris gouvernemental nous oblige à amplifier le mouvement social ».
Telle est la ligne directrice revendiquée par les organisations syndicales, mais aussi beaucoup de travailleurs non-syndiqués, de retraités, ou d’étudiants s’inscrivant dans le même état d’esprit et refusant la réforme des retraites actuellement en débat dans les deux assemblées : Sénat et Assemblée Nationale.
Lesquels ont débuté un peu partout, en périphérie des villes de Dole et de Lons, à partir de mercredi 15 mars au matin, par des opérations de tractage destinées à informer la population mais aussi et surtout à ralentir voire à bloquer le trafic… et l’économie !
« Nous demandons aux chauffeurs de camions d’aider à bloquer le fonctionnement de la France » expliquaient au rond-point d’Innovia, ce mercredi matin, plusieurs représentants syndicaux.
« Ralentir l’économie, c’est frapper le patronat et les dirigeants politiques, là où ça leur fait mal »…

L’économie locale pourrait rapidement s’en ressentir si les blocages persistent.

Comportements virulents et conséquences dramatiques…

Parmi les véhicules ralentis ou bloqués, beaucoup de gens excédés mais la plupart compréhensifs, car hostiles au projet de réforme des retraites.
« Il suffisait de ne pas voter Macron ! Il l’avait dit qu’il la ferait cette réforme des retraites ! » s’exclame, presque amusé, un artisan du bâtiment.
D’autres en revanche avaient la mine beaucoup moins réjouie. A l’image de cette mère de famille en larmes car son fils devait aller « passer un examen important », ou de ce jeune homme en crise de stress pour l’entretien d’embauche qu’il ratera… Et des forces de l’ordre s’efforçant tant bien que mal de contenir la grogne et les comportements les plus virulents, alimentés par une tension nerveuse croissante et généralisée de la population.
Car rien que ce mercredi matin deux individus n’ont pas hésité à forcer les barrages avec leur véhicule au rond-point d’Innovia considérant qu’ils « n’avaient pas à être pris en otage » et qu’ils devaient « aller bosser pour payer les factures ».
« En cas de problème avec un énervé, on appelle à l’aide autour de soi et on se réunit à 5 ou 6 au moins. Sans trop s’approcher, sans chercher à toucher la personne. L’effet de nombre suffit en général à les calmer » précise le cégétiste dolois Antoine Cordier.

Diviser pour mieux régner ?

Comme ce fut le cas lors du mouvement des « gilets jaunes » c’est en effet grâce à cette division, plus précisément cette fracture sociétale, ce clivage idéologique entre les Français que le gouvernement parvient à garder un certain contrôle des événements.
Mais pour encore combien de temps ?
Car à en constater sur place la dangerosité et l’excessivité de certains comportements, il semblerait que l’opinion publique soit en train de basculer dans une optique insurrectionnelle pour ne pas dire révolutionnaire…
« On n’arrive plus à finir le mois même en travaillant à temps complet, même en se privant de tout. Ce n’est pas nous, c’est Macron et son gouvernement qui nous prend en otage ! Il faut que tous les Français le comprennent. De toute façon, puisque nous n’avons rien, nous n’avons plus rien à perdre ! » concluaient en cœur une dizaine de manifestants.
Quoi qu’il en soit, les mêmes manifestations (déclarées en préfecture de 8h30 à 19h pour les 15 et 16 mars), se reproduiront (au moins) ce jeudi…

 

Parmi les véhicules ralentis ou bloqués, beaucoup de gens excédés mais la plupart compréhensifs, car hostiles au projet de réforme des retraites.

 

Une carte des mobilisations est consultable sur : https://mobilisations-en-france.cgt.fr/