Semaine du 14 au 20 novembre
Né à Poligny le 25 avril 1812, Charles Sauria inventa en 1831 les allumettes phosphoriques à friction. Dans l’édition du 16 novembre 1892 du Petit Comtois, un article rappelle que cette invention a été faite par un Franc-Comtois. Le rédacteur de ce papier reprend alors un autre article publié plus tôt dans le Petit Parisien, le 13 novembre 1892.
« Elles [les allumettes chimiques] ont été inventées, en 1831, par le jeune collégien Sauria, aujourd’hui médecin à Poligny (Jura). C’était au collège de Dole, en janvier 1831, époque à laquelle la simple allumette soufrée régnait en souveraine dans les ménages », explique l’auteur de l’article, avant de poursuivre ; « le collégien Sauria imagina un beau jour de faire des allumettes avec du chlorate de potasse, du soufre et du phosphore. A la suite de frictions répétées, la flamme jaillit, l’allumette prend feu, une grande invention est née. Vous devinez quelle ovation fut faite au jeune collégien ! « Venez voir ! s’écriaient ses camarades pleins de surprise. Sauria vient de trouver des allumettes qui brûlent toutes seules ». L’abbé Petit, principal du collège fut autant impressionné que le professeur de chimie, M. Nicolet. « Un autre professeur, M. Puffeney, se mit à fabriquer, pour son compte personnel, de ces nouvelles allumettes que tout le monde voulait voir s’enflammer », ajoute l’auteur anonyme de l’article.
Malheureusement pour Charles Sauria, il ne déposa aucun brevet. D’après l’article, « un brevet coûtait 1,500 fr., et personne n’osa risquer cette somme ».
Il se passa quelque temps avant que M. Nicolet, le professeur de chimie, parla en Allemagne de son brillant élève. « Les Allemands recueillirent soigneusement les paroles du chimiste et, deux ans après, l’Allemagne inondait l’Europe des premières allumettes chimiques ». Le Jurassien venait de passer à côté d’un sacré pactole ! Charles Sauria devint ensuite médecin.
« Il y a quelques années, il a obtenu, grâce à l’appui de M. Jules Grévy, son condisciple et son ami, un bureau de tabac, triplement mérité par l’inventeur, le médecin et le savant », conclut l’article. Charles Sauria décéda à Saint-Lothain en 1895.
Le Petit Comtois, 16 novembre 1892, numéro 3382, page 3.