Derrière les portes de la prison de Lons…

Les détenus purgent leur peine dans de bonnes conditions, surveillés par un personnel bienveillant. Si des moyens ont été mis, il reste encore à faire et notamment pour favoriser la réinsertion, le leitmotiv du directeur.

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La députée, Danielle Brulebois, a voulu visiter la maison d'arrêt de Lons en amont du vote du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice.

« On n’est pas trop mal à Lons-le-Saunier, mais il faut faire des choses pour nous. C’est un peu délabré. » Depuis la cour de promenade, un détenu de la maison d’arrêt de Lons-le-Saunier interpelle la députée, Danielle Brulebois, venue visiter les lieux en amont du vote du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de la Justice.
Au rez-de-chaussée, l’élue jette un œil aux deux cellules du quartier disciplinaire et à celle d’isolement, avant de rejoindre la cuisine de l’établissement, une zone à repenser. « Nous avons les mêmes normes qu’à l’extérieur, lui explique le directeur, Patrick Delanne. Les repas sont réalisés par des personnes détenues. » Une formation hygiène et sécurité est obligatoire. « Cela leur donne des qualifications supplémentaires qui leur servent au moment de la réinsertion. » L’atelier informatique, qualifiant, rencontre le plus grand succès.
Au premier étage, cellules et service scolaire. Des étrangers sont en train d’apprendre le français. Plus loin, une bibliothèque a été installée dans l’ancienne chapelle. Le bâtiment date de 1827 et les premiers détenus sont arrivés en 1845. D’autres suivent une pré-qualification qui leur permettra d’être immédiatement embauchés à leur sortie comme agent propreté hygiène. Celle-ci dure deux mois et demi et il leur faut s’impliquer trois jours chaque semaine. Un des élèves a déjà une promesse d’embauche. Seule ombre au tableau, la Région devrait financer moins l’an prochain.
Au fond du couloir, l’infirmerie. Une infirmière généraliste, une infirmière psychiatrique, deux médecins, un psychiatre, un addictologue, une assistante sociale, s’y succèdent. « Vous avez inventé les maisons de santé avant l’heure », sourit Danielle Brulebois. « Nous sommes là pour soigner, faire le suivi médical, mais ce sont des détenus, pas des patients. Ils sont censés être en bonne santé », souligne l’infirmière, qui témoigne aussi « ne jamais avoir eu de soucis ». Engagée sur trois postes à la fois, elle remarque être « plus soumise à l’extérieur à l’agressivité verbale, à l’impatience. Ici, ils sont plutôt très respectueux ».

L’atelier de travail pénal à l’arrêt

Au deuxième étage, encore des cellules. 54 personnes sont enfermées dans ces murs. Lons est en retard en matière d’accessibilité et de cellule PMR. « En six ans, j’ai accueilli quatre personnes en situation de handicap. En général, on les transfère sur Varennes-le-Grand qui a déjà des cellules PMR. » Sujet qui préoccupe davantage le directeur, l’atelier de travail pénal qui ne tourne plus depuis octobre 2022. La loi (réforme du travail pénitentiaire de mai 2022), qui donne plus de droits aux détenus mais crée des difficultés pour les entreprises, est passée par là. Pourtant, la situation précédente convenait davantage. « Cela permettait de rémunérer les détenus qui travaillaient, d’éviter l’indigence, de les faire se lever le matin. La démarche administrative et la gestion comptable nous incombaient alors, il y avait de la souplesse. L’oisiveté n’est pas la meilleure manière de préparer la réinsertion. » Danielle Brulebois va faire remonter la problématique.
« Je souhaite la transparence et plus ces fantasmes sur le monde carcéral », insiste le directeur, qui a bien volontiers ouvert les portes de son établissement. « Dès que les détenus arrivent dans nos murs, on veut les préparer à retourner dans la société. »
« Lons fait partie de notre dispositif de justice de proximité, elle est à taille humaine, le personnel peut s’occuper des détenus d’une manière bienveillante et rigoureuse, apprécie Danielle Brulebois. J’ai vu des détenus sereins, apaisés, respectueux des règles. J’ai vu des gens qui ont envie de se sortir de leurs conditions de détenus. » Pour la députée, « si on doit créer des places, c’est un modèle à reproduire ».