Ma voisine l’a toujours dit : ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut la fermer. Je lui ai souvent répondu par ce vieil adage : il vaut mieux ne rien dire et passer pour un con, que l’ouvrir et ne laisser aucun doute sur la question.
Et lorsque je vois les commentaires sur les réseaux sociaux, ce flot de haine et de bêtises se déverser comme une coulée de boue, sur n’importe quel sujet, du plus banal ou plus sérieux, du plus affligeant au plus important, je me dis qu’on en est encore là, qu’il y a beaucoup plus de retenue, d’intelligence, de tendresse, de gentillesse et de maturité dans les cours de récréation des écoles maternelles.
Je pourrais donner un exemple, même plusieurs, je pourrais donner mille exemples, il n’y a qu’à laisser tomber son téléphone pour que s’échappe une multitude d’âneries plus grosses les unes que les autres.
Les réseaux sociaux, c’est comme les bonbons, on prend timidement un petit croco, et on a fini le paquet dix minutes plus tard. C’est pas très bon pour la santé, c’est pas très bon pour le moral, mais on ne peut plus s’arrêter. Le mieux, c’est de ne pas en avoir dans ses placards ou dans la boîte à gants de sa voiture, parce qu’à un moment où à un autre, on sait qu’on va craquer, qu’on va y aller, qu’on va scroller la boîte, et ça fait mal au bide ces conneries.
C’est pas facile d’être un être humain, m’a dit ma voisine l’autre jour en sortant de Pirate’s candies. T’as pas un truc à me raconter, elle a ajouté en mordant la queue d’un croco bleu. J’ai répondu que non. Elle m’a dit c’est pas une raison. Je me suis fait une raison, et j’ai craqué sur un croco jaune. On a fini le paquet et on n’a plus rien dit.
Par Éric Genetet