Ces Suisses qui ont choisi de vivre en France ont du talent !

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Olivier Morattel, Editeur

Olivier Morattel a écrit son histoire entre le canton de Vaud en Suisse et la France.

Olivier Morattel pourrait vous parler de son métier pendant des heures, mais c’est en général de ses auteurs sur lesquels ce volubile, considéré comme l’éditeur le plus “intélo” de suisse romande, préfère s’étendre, avec un profond respect pour leurs plumes et avec à l’esprit que face aux grosses maisons d’édition qui se font aujourd’hui la part belle, son métier d’éditeur indépendant devient rare.

Le parcours d’un atypique 

Olivier Morattel n’était pas forcément prédestiné à devenir éditeur. Enfant du canton de Vaud, c’est en découvrant les romans de Bernard Clavel, grâce à sa grand-mère, qu’il prendra goût au Jura français tout proche.

Le jeune Olivier qui a grandi sur les bords du lac Léman à Yverdon-les Bains cultivait son amour pour la lecture avec des auteurs comme Sartre, pour le côté théâtre, San Antonio pour l’humour.

Un pari risqué 

Au début de sa vie professionnelle, Olivier Morattel était gestionnaire de fortune au crédit Suisse à Genève. Ce grand observateur de la vie publique, avec une appétence pour la communication a également créé un service social. Puis entre 2006 et 2009, il fut attaché de presse pour les éditions Castagniééé situées à Vevey et il s’est un jour demandé si il ne pouvait pas vivre sa passion en devenant éditeur indépendant, un pari risqué sur le plan économique mais qui ne faisait pas peur au financier qu’il était.

Olivier Morattel s’est installé au départ à la Chaux-de-Fond avec un léger ras-le-bol pour le bassin lémanique et l’envie de prendre un peu d’altitude dans la ville de Le Corbusier. “Il y a une vie culturelle et un vivre ensemble à la Chaux-de-Fond qui m’avaient séduit” et d’ajouter “Avec l’industrie horlogère prestigieuse, une grande partie de la vie économique helvétique se joue là-bas”.

Direction Dole dans le Jura 

En 2017, Olivier Morattel décide de passer la frontière pour rejoindre le Jura français et plus précisément Dole, la cité Pasteur dont il tombera rapidement amoureux. En posant ses valises, l’éditeur se dit qu’il serait chouette de lancer un festival littéraire qui porterait le nom de Bernard Clavel dans la ville où l’écrivain avait effectué son apprentissage chez un boulanger tyrannique, épisode sur lequel il reviendra au travers du personnage du jeune Julien dans “la Maison des autres”. Une envie de festival qu’il nourrit toujours aujourd’hui en lien avec son amie, la veuve de Bernard Clavel, Josette Pratte. “Bernard Clavel était un profond humaniste et il serait trop simple de le réduire au rang d’écrivain régionaliste, on oublie souvent qu’il fut lauréat du prix Goncourt “Les Fruits de l’hiver,” en 1968.”

Dole, pour Olivier Morattel, c’est aussi des rencontres et des copains comme avec le regretté Alain Marque-Maillard, visage emblématique du centre-ville, jamais avare d’un petit sourire derrière son étal de livres, subitement décédé en 2023. “Alain était un ami cher, il était un fin connaisseur de la littérature franc-comtoise et il avait bien connu Bernard Clavel quand ce dernier était reçu dans la librairie de ses parents à Lons-le-Saunier.”

Dès qu’il en a le temps, Olivier Morattel aime également se promener à Besançon. “J’adore cette ville, son atmosphère et son patrimoine.”

Son protégé, Quentin Mouron 

Olivier Morattel aime se définir comme “un dénicheur de talents”, l’une de ses plus belles rencontres est celle avec Quentin Mouron, l’une des révélations de la littérature francophone, avec qui il édite le roman Vesoul le 7 janvier 2015. Olivier Morattel tisse encore aujourd’hui une véritable amitié avec Quentin Mouron, à l’univers que certains observateurs comparent souvent à Michel Houellebecq. “Il est aussi mordant qu’un Houellebecq mais en moins sombre”, indique Olivier Morattel.

Claudia Albisser Hund, photographe culinaire 

Portrait de Claudia Albisser Hund dans son studio photo
Claudia Albisser Hund.

Claudia Albisser Hund est née à Bâle, une ville connue pour avoir une culture trinationale à la croisée des chemins entre la Suisse dont elle fait partie, la France et l’Allemagne. C’est dans cette cité que Claudia Albisser Hund a grandi. N’aimant pas beaucoup les études et intéressée par l’art avec l’inlassable envie de créer, Claudia Albisser Hund se dirige vers l’école d’art de Bâle pour y suivre une formation en photographie.

Par la suite, elle passera 2 ans à travailler dans des studios de publicité avant d’ouvrir en 1990 son propre studio. “Quand je me suis dirigée vers la photo, je ne savais pas trop vers quoi j’allais me spécialiser, alors au début on fait un peu de tout et je faisais beaucoup de portraits.”

Un jour, un client, avec une demande un peu particulière, s’est présenté au studio de Claudia Albisser Hund : “Ce client m’avait demandé si il était possible pour moi de prendre en photo des bijoux et des montres, je lui ai dit qu’il n’y avait pas de souci et plus tard j’ai appris avec surprise que ces pièces étaient de la marque Van Cleff et Arpel”, sourit Claudia Albisser Hund, qui par la suite a commencé à faire des photos pour le compte de nombreuses marques. “On prenait des photos pour des articles d’été en hiver dans nos studios, parce que les prochaines collections étaient déjà en préparation.”

Sublimer la cuisine 

Pendant plusieurs années, tous les domaines se sont présentés à la photographe avant que l’art culinaire ne retienne son attention. “J’ai toujours aimé faire à manger et faire de la photographie culinaire m’a rapidement intéressée. J’ai voulu me spécialiser dans ce domaine et travailler pour des livres de cuisine et beaucoup de personnes mettaient en garde en me disant que c’était une prise de risque ! Je me suis alors rendue à Paris au salon du livre avec mon portfolio sous le bras sans trop savoir si les choses allaient fonctionner pour moi. Je suis revenue avec deux maisons d’édition qui étaient prêtes à travailler avec moi.”

La France, le pays de la bonne chair 

Saucisse roulée

Tomate

Poisson

Depuis, Claudia Albisser Hund compte 140 livres de cuisine à son actif. Habituée à visiter la France en camping-car avec son mari, Claudia Albisser Hund a soudainement eu une conviction : “Je me suis dis qu’il serait bien de déménager pour vivre et s’installer en France parce qu’ici, on aime profondément la cuisine et on l’aime généreuse. Bien sûr, en Suisse, je pouvais faire des photos de cuisine, mais l’approche envers la cuisine est un peu différente, ici c’est un art de vivre”, souligne Claudia Albisser Hund, qui aime faire vivre le produit dans ses photographies. “Je n’aime pas faire une photo d’un plat figé”, le coulis de fraise qui coule sur le gâteau, la belle tranche de rôti qui se découpe lui plaît d’avantage. “J’aime créer une ambiance spéciale avec les produits”, explique Claudia Albisser Hund, qui a obtenu de nombreuses distinctions à l’international.

Enzo Saad