Près de 9 000 entreprises ou établissements interrogés
L’échantillon de l’enquête porte sur 29% d’entreprises de moins de 10 salariés, 58% dont l’effectif est compris de 10 à 50, 9% pour les entreprises de 50 à 250 salariés et 3% comprenant plus de 250 collaborateurs.
Un premier constat : la région Bourgogne Franche-Comté ne dispose que de 3% d’entreprises de taille intermédiaire alors qu’elles représentent 7% dans la région Grand Est ou 5% dans les Pays de la Loire, sans parler d’Auvergne Rhône-Alpes dont le nombre d’ETI dépasse 13%. La région Bourgogne Franche-Comté, pourtant réputée « région industrielle » ne comporte qu’une faible part de ces entreprises, pour 2/3 à capitaux familiaux français.
L’échantillon d’entreprises est réparti entre le commerce (3 308), la construction (1 255), l’industrie (1 819), les services aux entreprises (1 102) et les services aux particuliers (1 172).
Un net ralentissement de la croissance du chiffre d’affaires
Toutes filières confondues, le CA des entreprises de la région n’a progressé que de 2,8% en 2023 après des progressions de 13,5% en 2021 et 8,5% en 2023. La majorité des entreprises interrogées ne prévoient pas de progression significative de leur activité en 2024.
L’évolution des chiffres d’affaires est différente selon la taille des entreprises. Les TPE ont vu une dégradation de leur activité en 2023 (-1,1%) alors que les grosses PME enregistraient une hausse, certes modeste, de 3,2%.
Près de 40% des entreprises ont constaté une baisse de leur chiffre d’affaires entre 2022 et 2023.
15% du chiffre d’affaires à l’export
La faiblesse du nombre de grosses PME et d’ETI dans la région a un impact sur les exportations. Dans l’industrie, près d’un tiers du chiffre d’affaires est réalisé à l’étranger. Globalement, l’export représente moins de 3% dans les TPE (encore faut-il prendre en compte le commerce avec la Suisse NdlR) et plus de 20% dans les entreprises de plus de 250 salariés.
Érosion des marges
Les prestataires de services aux particuliers tirent leur épingle du jeu avec un résultat net de 5,9% alors que le commerce affiche un résultat de 2,5% et l’industrie 3,1%. C’est pourtant bien ce résultat qui permet aux entreprises d’investir, d’imaginer les solutions d’avenir et d’exporter. Alourdir leurs charges, surtaxer les bénéfices, c’est diminuer leurs capacités de croissance et donc limiter les salaires et les embauches !
Là encore, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) améliorent leur capacité bénéficiaire alors que l’érosion des marges touche principalement les PME.
Les charges de personnel affectent peu la valeur ajoutée
S’il existe des disparités en fonction des secteurs d’activité, en 2023, les charges de personnel ont augmenté plus vite que les effectifs du fait des revalorisations salariales. La hausse, tous secteurs confondus, de la valeur ajoutée (+3,6%) n’a donc pas été impactée par l’augmentation des salaires. Toutefois, le poids de charges de personnel diffère d’un secteur à l’autre : les salaires représentent 68,6% dans le commerce mais 87,8% dans la construction et 80,2% dans l’industrie. Une démonstration (simpliste diront certains) de la redistribution des gains aux salariés.
Des charges financières plus lourdes
Le renchérissement du coût du crédit a conduit à un doublement de la charge financière des entreprises. Alors que les charges d’intérêt représentaient 0,42% du chiffre d’affaires en 2022, elles ont presque doublé en 2023 (0,75%). Les charges d’intérêt absorbent plus de 10% de l’excédent brut d’exploitation en moyenne, et même 12,4% dans l’industrie.
Avenir incertain
La situation politique actuelle et l’absence de données précises sur le budget 2025 n’incitent pas les entrepreneurs à être confiants dans l’avenir. L’activité économique a progressé en août 2024 dans l’industrie et plus fortement dans les services marchands (effet des JO de Paris). Elle poursuit son repli dans le bâtiment. Les entreprises interrogées attendent une légère hausse d’activité dans l’industrie et les services et peu d’évolution dans le bâtiment.
Les carnets de commande restent dégradés dans presque tous les secteurs de l’industrie à l’exception notable de l’aéronautique. Dans l’automobile, les entrepreneurs notent un essoufflement de la demande de véhicules électriques au bénéfice des gammes thermique et hybride, même si Carlos Tavares, le patron de Stellantis, continue de parier sur l’électrique comme il l’a démontré lors de sa récente visite à Sochaux. L’indicateur d’incertitude de la Banque de France fondé sur les commentaires des entreprises, évolue peu dans l’industrie et semble remonter dans le bâtiment.
Yves Quemeneur