Rubrique. Grands Mots Grands Remèdes : Des plans sur la comète

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Docteur Gérard Bouvier
Docteur Gérard Bouvier

De tous temps les comètes ont intrigué et inquiété les populations sublunaires. Elles sont aujourd’hui mieux connues et font partie de notre cosmos ordinaire.

Certaines sont imprévisibles et c’est suffisant pour alimenter les croyances les plus étonnantes (1).

La comète 3I/Atlas est apparue dans notre ciel à l’été 2025. Elle présente des caractéristiques qui interrogent. Mais s’interroger avait du sens jadis, quand l’on était tellement ignorants. Aujourd’hui on préfère avancer des réponses. C’est le prix à payer pour notre obscurantisme. Et comme l’intelligence artificielle n’a pas encore pris le dessus les réponses sont variées. Ou avariées.

Cette comète est le troisième objet connu venu de l’extérieur du Système Solaire.
Son orbite hyperbolique trop plane, son accélération initiale, sa brillance variable et ses jets de matière asymétriques surprennent.

Les astrophysiciens nous expliquent ces particularités mais s’ils prennent cette peine c’est bien qu’on nous cache un secret auquel nous n’avons pas droit sinon ils continueraient de faire des sudokus (2).

On en est là de nos certitudes.
Jadis on y aurait vu la main de Dieu. Mais Dieu a perdu la main et une origine extraterrestre va suffire.

Les réseaux sociaux et les cercles d’ufologues avancent des dizaines d’hypothèses (3). C’est bien la preuve qu’ils ont raison puisque la science officielle ne sait que dire que c’est une comète interstellaire naturelle. Une bien pauvre démonstration…

Quand Galilée a découvert Saturne, ses anneaux faisaient deux poignées floues de chaque côté de la planète. Quand il l’a observé quelques mois plus tard les anneaux avaient disparu. Il en a conclu que le vieux Saturne avait mangé les enfants à qui ils donnait la main il y a quelques mois encore (4).

La science évolue-t-elle plus vite que les croyances ?

Notes pouvant être utiles pour la lisibilité de ce texte

(1)- La comète de Halley revient nous voir tous les 76 ans. Il a fallu bien des générations d’errances avant de s’en rendre compte. C’est Edmund Halley qui, alors qu’il étudiait les comètes, constata avec surprise un passage remarqué en 1531, 1607, 1682. Il en déduit une prochaine rencontre en 1758. Il meurt en 1742 mais ses prévisions sont confirmées quand la comète apparait le 25 décembre 1758.

C’est une grande victoire pour la science moderne et l’on donne son nom à cette comète qui depuis n’annonce plus les colères divines, la chute des puissants ou les guerres des hommes.

Il faut dire que la comète de 1066, représentée sur la tapisserie de Bayeux, était devenue « l’étoile funeste » car elle avait précédé de peu la bataille d’Hastings qui, en octobre 1066, fit dix mille morts. C’était considérable pour une époque beaucoup moins habitée qu’aujourd’hui. Longtemps le rapport qui fut fait entre ces deux événements empêcha la naissance d’autres hypothèses.

(2)- « – À force de d’venir vieille et pis de pas savoir m’occuper, j’ai ma pauv’ tête qui perd le nord. Encore heureux que j’ai mon sudoku… ». Pauvre Marie-Madeleine ! Ce jeu a été inventé aux États-Unis à la fin des années 70 avant d’être, dix ans plus tard, importé au Japon où il perdit son nom de Number Place pour devenir le Sudoku.

(3)- Il y avait eu le précédent d’Oumuamua en 2017 qui avait déchainé les croyances en des visiteurs extraterrestres. Pour 3I/Atlas a été évoqué une sonde d’observation venue cartographier nos zones habitées. Pour d’autres, c’est un « cargo » qui transporte les semences d’une vie ancienne échappée de justesse d’un monde finissant. Certains y voient une sonde habilement déguisée en comète pour surveiller nos conversations ou -pire encore- nos comportements. D’autres voient dans les variations de luminosité un code pour converser avec les seuls initiés, une sorte de braille silencieux… La Marie-Madeleine prétend que ça n’a guère d’importance puisque la comète, au bout du compte, a disparu à l’autre bout de de Gevingey.

4)- Saturne -Chronos chez les grecs- était connu dans tout l’Olympe pour avoir mangé ses enfants. Non point qu’il fut plus goulu que les autres déesses et dieux de l’endroit mais parce qu’il avait les chocottes. À la suite d’un différend familial et avec la complicité de sa mère il avait coupé les attributs virils de son père. C’est sa mère qui lui avait procuré une faux mais c’était une vraie et la blessure sépara le Ciel de la Terre. Avant de mourir, le père émasculé avait dit dans un soupir ensanglanté : « – Toi aussi Cronos tu seras détrôné par ton propre fils ! ». C’était mesquin mais il avait les boules.

Du coup, Cronos -Saturne pour les latins- regardait toujours derrière lui quand il se déplaçait dans l’Olympe. Surtout la nuit. Les organes génitaux externes du père de Saturne tombèrent dans la mer et de l’écume environnante naquit Aphrodite, déesse de l’Amour et de la Beauté.

Comme dit la Marie-Madeleine : « – À quelque chose malheur est bon ! ».
C’est sûr ! Mais quand même…