Les exosquelettes pour les viticulteurs risquent d’être de plus en plus présents dans les vignobles jurassiens, après l’étude lancée par la MSA. Trois domaines jurassiens, dont La Renardière Jean-Michel Petit à Pupillin, ont testé deux modèles d’exosquelettes. L’étude se propose d’analyser en situation réelle de travail des salariés et exploitants pour déterminer le niveau d’acceptation au port d’un exosquelette pendant les travaux de la vigne.
« Nous pensions voir un genre d’armure style robocop, mais non ça ressemble plus à un harnais de sac à dos », souligne Jean-Michel, qui ne l’a pas porté assez longtemps pour en faire l’analyse.
Le soulagement d’un dos sollicité
Bastien Walter, ouvrier viticole au Domaine de La Renardière, a testé les deux modèles durant environ 3 semaines chacun. Accroupi, penché en avant, dos courbé pendant des heures : tel est le quotidien de Bastien Walter. « On a essayé deux sortes d’exosquelettes, avec deux mécanismes différents, sur les mêmes périodes, sur le même travail », raconte-t-il. Chaque modèle a été porté durant trois semaines. L’un d’eux visait à faciliter le redressement, tandis que l’autre assurait un maintien constant du dos. « Ce ne sont pas des équipements pour porter des charges mais vraiment pour la posture », précise Bastien.
Le premier modèle fonctionne grâce à des élastiques positionnés dans le dos et sur le haut des cuisses. « C’est utile, on est moins fatigué en fin de journée », admet-il. Cette assistance se révèle précieuse notamment lors des périodes de taille, exigeant des heures passées courbé, un défi pour Bastien, d’autant plus qu’il est très grand. Cependant, il reste prudent : « Tous les jours, je pense que ça ne serait pas un avantage. Ça pourrait démuscler le dos. » En effet, en sportif assidu, pratiquant le rugby, Bastien redoute l’effet inverse. L’usage quotidien de l’exosquelette pourrait limiter l’effort musculaire naturel, risquant ainsi d’affaiblir son dos. « Ce serait pallier un problème mais en avoir un autre derrière au niveau sportif », reconnaît-il.
Des capteurs, pour comprendre l’impact réel
Au-delà des sensations immédiates, Bastien a participé à un essai plus technique. Équipé de capteurs placés sur les bras, le dos et les cuisses, il a testé les deux modèles d’exosquelettes ainsi que le travail sans assistance. L’objectif : permettre à des chercheurs de mesurer précisément l’impact de ces équipements sur les postures et les efforts musculaires. « Je n’ai pas encore eu les résultats pour l’essai qu’il y a en cours », confie-t-il. Une fois l’étude terminée, il espère comprendre plus finement les bénéfices et limites des exosquelettes sur son quotidien.
Les exosquelettes deviendront-ils un équipement incontournable dans les vignes de demain ?
L’expérience de Bastien illustre bien le défi des exosquelettes dans les vignes : entre soulagement réel des douleurs dorsales et prudence face au risque d’une dépendance musculaire, l’équilibre reste à trouver. Une deuxième question se pose : l’investissement sera-t-il un frein pour de nombreux exploitants ? Jean-Michel Petit espère bien un petit geste de la MSA !