Rubrique. Grands mots, grands remèdes : Bavardages

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J’aime ces moments auprès de la Marie-Madeleine. Son bon sens de chez nous me
fait oublier, le temps d’un gâteau de ménage (1) et d’une limonade, les débats sans
fin de la politique et la dureté de nos faits divers.
Partageons ces riches moments…
Ils vont encore nous faire le changement d’heure (2). Ils disent toujours que ça va
être supprimé. Au moins comme ça on sait que ça va continuer ! Va encore me falloir
grimper sur mon escabeau (3) pour remonter la petite aiguille avec la canne au
Fernand. Un de ces quatre je vais bien me retrouver cul par-dessus tête mais vous
pouvez être sûr qu’ils s’en fichent pas mal au gouvernement… Ils ont des pendules
automatiques branchées sur le satellite.
Ils mettent toujours les bonnes émissions à point d’heure. Comment voulez-vous ?
Pour le débat de Trump c’était au beau milieu de la nuit ! Si c’est pas des contes à
dormir debout ! Bin j’suis allée me coucher et j’ai même pas écouté le résumé. Ça
leur fera les pieds !
Ils veulent tous nous commander ! Mais quand il y a besoin d’un ministre, il y a plus
personne. Moi je dis, on appelle ça de la politique mais si on y regarde bien c’est du
grand n’importe quoi !
Toute façon, moi j’ai voté blanc. Mon neveu il m’a dit pourquoi tu votes blanc qu’est-
ce que t’as don contre les noirs ? Savez ! Même en famille on n’est plus en sécurité
nulle part ! C’est pourtant pas faute de lui donner une pièce de cent sous (4) pour
ses étrennes…
Regardez l’abbé Pierre… Je lui aurais donné le Bon Dieu sans confession (5) et bin
voilà qu’il s’est fait prendre la main dans le pot de confiture… Enfin je m’comprends …
(6)
Et l’autre qui endormait sa femme pour la vendre à des voyous. La Thérèse elle dit :
bin moi j’peux vous dire que même endormie j’aurais beuglé comme un veau.
Savez, elle en est bien capable !

Notes pour enrichir la réflexion !
(1)- Le gâteau de ménage est une spécialité comtoise. C’est ni plus ni moins le
goumeau ou si vous préférez le gâteau de frayure. Il vous faut étendre le goumeau
sur la pâte à brioche que vous aurez réalisée en suivant la recette de votre grand-
mère. Pour le goumeau comptez pour six personnes 50 g de farine, une pincée de
sel, 50 g de sucre, 2 œufs de poule, et 15 cl de lait de vache. Un peu de crème
fraiche est indispensable et aussi de la fleur d’oranger si vous en avez. Sinon il vous
faudra l’acheter. Il faut touiller naturellement et après faites comme vous avez
l’habitude.
(2)- Cette année le changement d’heure est prévu dans la nuit du samedi 26 au
dimanche 27 octobre. À 3 h du matin il sera 2 h. En général le changement d’heure
est pile à l’heure mais on peut n’en tenir compte que le lendemain matin sans perte
ni profit. C’est juste que ça arrange.
Curieusement le changement d’heure fait régulièrement polémique chez beaucoup
de nos concitoyens. Alors que le changement de saison passe comme une lettre à la
poste. C’est assez injuste quand on sait qu’une saison dure 2 160 heures. Sans
compter les minutes.
(3)- Tout le monte connait l’escabeau. C’est l’endroit d’où l’on a failli tomber le plus
souvent dans sa vie. Mais sait-on que ces mots en -esc sont parmi les plus rigolos de
la langue française ? L’escabèche, l’escalope, s’escagasser, l’escarmouche,
l’escampette, l’escarpin, l’escarpolette sont tous très bidonnants. C’est ce que je
m’escrime à vous démontrer. Il n’y a guère que les grands escogriffes et les escarres
qui font retomber la poilade.
Nous avons chez nous l’escarboucle que la Vouivre portait au front avant qu’on en
parle beaucoup moins. Mais il est vrai qu’il y a aujourd’hui tant de sujets de conversations. Si vous rencontrez une vouivre vous ne pouvez pas la rater : c’est un
dragon bipède qui donne un peu des airs de serpent ailé.
(4)- La pièce de cent sous est une monnaie ancienne. En 1795, la livre tournois est
remplacé par le franc. La pièce en bronze de 5 centimes de franc qui pèse 5
grammes est appelée le sou. La pièce de cent sous renvoie à une pièce en argent de
5 francs qu’on appelait aussi écu. Comme l’argent n’a pas d’odeur et qu’on ne voit
pas le temps passer, beaucoup de personnes âgées continuent de parler en sous.
(5)- Pourtant chacun sait depuis le XIIIème siècle que l’habit ne fait pas le moine.
Cette expression serait la traduction du latin « barba non facit philosophum » qu’on
attribue à Plutarque et qui dit que la barbe ne fait pas le philosophe. Sur cette
construction sémantique on dit aussi que l’hirondelle ne fait pas le printemps ou que
l’argent ne fait pas le bonheur.
Personnellement, je veux bien croire que l’habit ne fait pas le moine, mais
reconnaissez qu’il y contribue.
(6)- Que la Marie-Madeleine répète à l’envi « je me comprends » me rassure
pleinement car je ne suis pas toujours capable d’en dire autant.